Heimatliebe und Patriotismus : Arthur Schnitzlers Einstellung zu Osterreich-Ungarn im Ersten Weltkrieg, Modern austrian literature, pp.231-198, 1967. ,
-Relations et solitude : aphorismes ; trad. Pierre Deshusses, p.64, 1988. ,
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00807538
Homme sans qualités ; trad ,
Romans ; 60-61), t.I, Points, issue.2, p.39, 1982. ,
-Le Livre des amis ,
Georges s'en irritait parfois, p.183 ,
Beer-Hofmann exprime la rancoeur de ce qu'il est convenu d'appeler le Wiener SelbsthaßA Vienne, nous vivons comme des cocottes qui ne se nourrissent que de salade française et de sorbets, p.184 ,
se manifeste à tous les niveaux, administratif et politique, notamment. Kraus égrène les aphorismes anti-viennois, anti-autrichiens ...Ainsi cette réflexion sur le tempérament viennoisLe Viennois ne sombrera jamais mais, au contraire, ira toujours en haut lieu et s'arrangera, Un règne où les vagues demeurent absentes, où les formes sont respectées, où le masque et la façade ,
ambassadeur de France à Vienne sous son règne, dit de lui "qu'il exerce son métier avec l'exactitude d'une horloge, avec le calme et la sûreté d'un somnambule 185 Ce somnambulisme, dont Broch a décrit d'autres aspects chez les personnages de son roman, s'illustre dans le "papierene Schreibtischdasein". L'être-là bureaucratique, la façade qui dissimule un certain non-être, l'apparence, sont des "qualités autrichiennes". Il est une expression fréquente en Allemagne : "alles in Ordnung" ; mais elle est généralement synonyme d'efficacité, de rentabilité. En Autriche, elle sert de cache-misère, de masque ; elle permet de dormir sur ses deux oreilles, y compris l'après-midi. Ainsi Kraus écrit-ilJe ne dors jamais l'après-midi. Sauf si, le matin, j'avais à faire dans une administration autrichienne 186 C'est l'image de la léthargie qui ressort de nombreux écrits, celle d'une patrie-fantôme. Les romans habsbourgeois de Roth en sont l'illustration la plus frappante, et ne font que refléter une angoisse communeOn a déjà presque oublié qu'il y a eu une Autriche", écrit Zweig vingt ans après l'Armistice, "le temps file si vite, tout est si agité, une vague recouvre l'autre, nous ne sommes déjà plus des vivants, nous avons été cloués dans le cercueil de l'Histoire, Le comte de Saint-Aulaire 187 Là encore Thomas Mann participe en Allemagne à un mouvement dynamique de résistance à une menace qui s'impose fortement (l'Entente mondiale soupçonnée de vouloir prendre en tenaille la "puissance centrale"), l'Autriche stagne dans une angoisse intérieure ,
Arthème Fayard (Les grandes études historiques), Luc Spielmann, pp.364-366, 1945. ,
Etre et temps ; trad, p.277, 1938. ,
251 de la v.o.] philos. Schriften, in : Sämtliche Werke ; Textkrit. bearb. u. hrsg. von Wolfgang Frhr, 277 Schopenhauer, A. -Die Welt als Wille und Vorstellung Livre IV 278 Le Rider, J. -Le Cas Otto Weininger, pp.139-185, 1973. ,
Etre et temps ; trad. de la 10e éd. par Emmanuel Martineau Paris : Authentica (Joël Lechaux, pp.206-208, 1985. ,
dont l'écriture précède de peu sa mort, Le Tentateur, est habité par les mêmes thèmes que sont l'espoir et la rédemption Les périodes de crise sont toujours le prétexte à l'attente d'un sauveur. C'est le cas des années 30 autrichiennes, Comme le fait remarquer Wendelin Schmidt-Dengler, "...the need for a redeemer : Bismarck [nous l'avons vu dans l'attitude de Kraus] ,
était sans doute pas propre qu'aux cercles fascisants. La naissance de l'enfant, qui clot la Verzauberung est porteuse d'espoir. L'innocence est à son avantage. Le culte de l'enfance est parallèle à celui de la maternité (comme dans le Virgile) ; dans le roman auquel nous nous intéressons maintenant, il s ,
20 ans plus tard, serviront de chair à canon. L'enfant dénué de pouvoir est celui en qui on place un maximum d'espoirs. Plusieurs "Bauernroman" ou "Bergroman" des années 20 et 30 ont pour thème l'enfant rédempteur (cf. notamment Th. Mann, Joseph et ses frères) De même, vers la fin de la Tour de Hofmannsthal, apparaît le Kinderkönig, à la fois innocent, donc parfaitement apte à promulguer des lois, et fort, pour veiller à leur application : "...denn die Gesetze müssen immer von den Jungen kommen. Und bei den Toten stellen wir Lichten auf ( 18 ) L'entre-deux guerres est toujours représentée dans la littérature comme une période de transition, de "transscience ...sorrow and martyrdom De même dans On the purest happiness of man (1937), Franz Werfel fait allusion à l'enfant qui nomme les choses et qui, de ce fait les re-crée. Horvath, dans Geschichten aus der Wienerwald montre que le pessimisme ambiant de l'entre-deux guerres pouvait inciter les ascendants à éliminer leurs descendants pour les protéger du malheur : la grand'mère expose son petit-fils, Brecht évoque en 1919 l'industrie des articles pour enfants, ceux-là mêmes qui, 1918. ,
Dramen, III (Der Turm, p.380, 1979. ,
Broch, Lukács und die Folgen", in : Modern austrian literature. Special Hermann Broch issue, pp.4-102, 1980. ,
Beer-Hofmann évoque les anneaux de la chaîne de la pensée, qui se détachent -ponts jetés sans piliers, pensées somnambules ( 46 ) La rupture de la chaîne n'est pas totale : elle laisse sournoisement se développer l'association d'idées, caractéristique entre autres de la mentalité schizoïde. L'enchaînement n'est plus cohérent, ou plutôt il est caractérisé par une nouvelle forme de cohérence qui échappe au raisonnement raisonnable, à la raison connue de la raison. La schizophrénie de Chandos aboutit à l'extase, à l'union du Moi et du non- Moi, celle-là même que Broch a pu rechercher dans une oeuvre-symbole, dans laquelle il a tenté de "re-produire", de "re-présenter" le monde. Et ce, dans la logique alogique du rêve qui se retrouve dans la mort. Un rêve ? questionne Beer-Hofmann à propos de Paul : mais s'il ne s'était pas réveillé ? Si la mort l'avait surpris à la fin du rêve, et tout transformé en réalité ? ( 47 ) Monde nocturne, double du diurne ( 48 ) , miroir, reflet du leurre...Il existe même une troisième vie, au-delà du monde diurnenocturne , ce dernier ne faisant qu'un et n'étant finalement que celui de l'homme organique. Le troisième monde, la troisième vie, Beer-Hofmann les définit comme ceux des "pressentiments" ( 49 ) , impalpables, inorganiques, ne se rattachant à rien qui soit visible, audible ou sensible, ni même concevable en vertu de la raison raisonnable. C'est un peu, chez Roth, le monde de Tarabas : un hôte sur cette terre : "...il se plaisait parfois à cette idée qu'il était lui-même déjà mort ; tout ce qu'il voyait alors se produisait dans l'au-delà ; et les autres, les morts, étaient tout aussi sûrement entrés dans une troisième vie que lui-même dans sa seconde Le reflet, qui caractérise l'écriture de Broch, va faire sombrer l'auteur dans des apories angoissantes, même si, à certains égards, le désir d'infini est satisfait dans le symbole de la finitude que constitue l'oeuvre littéraire : unité idéale, platonicienne. Le récit de Broch "schloß sich in sich", l'extase est inscrite dans la fiction, le récit s'allégorise lui-même, Ulysse de Joyce comme un rempart contre le stéréotype Il est un jeu avec la mort dont la proximité confère à l'auteur une liberté totale. La mort, c'est l'intuition du cosmos, et la liberté dont elle fait jouir l'écrivain est en quelque sorte allégorique puisqu'elle est aussi celle du récit : "La 44 Rabaté, Jean-Michel. -Lectures critiques de Hermann Broch, James Joyce et Ezra Pound (après Ulysse : autour de Finnegans Wake Thèse d'Etat sous la direction de Hélène Cixous 45 Hofmannsthal, H. -Lettre de Lord Chandos et autres essais ; trad. de Albert Kohn et Jean-Claude Schneider, 1980. ,
Livre des amis ; trad, p.74, 1990. ,
cercle : homme d'essence divine, à la fois le "haut" et le "bas" de la spirale entrelacée, Verbe fait chair, prêchant la réconciliation Le scribe ne vit pasDer Schreiber lebt nicht (Vergil, p. 422) Il représente une personne séparée de ce qu'elle a écrit, alors que le Rédempteur incarne le Logos. D'une certaine manière, le dictateur ne vit pas non plus Convaincu que "l'homme ne change jamais, ni dans le bien, ni dans le mal Auguste juge que l'Etat, au nom de cette prétendue constance de la nature humaine, est en droit de nier l'individu : "Aujourd'hui [dans l'Empire étendu], nous avons affaire à quatre millions de citoyens romains...des masses gigantesques et aveugles" (Virgile, p. 334) Il rejoint en ce sens le Zacharias des Irresponsables pour lequel "la totalité seule est vraiment libre, l'individu isolé ne l'est pas." ( 100 ) Ainsi, tant l'écrivain que le politique se retrouvent dans une situation d'hésitation permanente, impuissants qu'ils sont à transcender leur nature dans ce qu'elle a de contingent par rapport à celle du Rédempteur. Virgile apparaît tantôt comme un créateur absorbé par l'individualisme et l'esthétique, tantôt comme celui qui annonce le Messie et, avec lui, un monde nouveau que régit l'Amour. Ou comme un reflet de Dieu lui permettant d'exister...? Pour reprendre la formule de HofmannsthalDieu dit : j'étais un trésor que nul ne connaissait, et je voulais me faire connaître ; alors j'ai créé l'homme Peut-être Virgile a-t-il conscience d'être co-responsable de l'existence de Dieu, et peut-être cette idée-là confère-t-elle au Poète une raison de vivre ? Auguste, par ailleurs, prend tantôt des allures de despote éclairé, mécène, politicien soucieux de modération fiscale et de paix, Mais Virgile est "porteur" du Poème : qu'en faire ? Il est prisonnier de ce bas-monde mais il n'y parvint pas. Son discours s'exprime suivant deux orientations simultanées : celle qui confine à la limite, celle qui la franchit. La première tente d'imposer une forme réfugié coupable) constituerait le pôle négatif qui permet au positif, p.331 ,
être le Logos (en quête duquel erre le Virgile de Broch) ne peut décrire -ou faire vivre -cet hermaphrodisme. Musil va s'apesantir sur la bipolarité de la morale Le doute plane toujours un peu sur la culpabilité des criminels (exemple : Moosbrugger) Lorsqu'Agathe incite Ulrich à tuer Hagauer, celui-là hésite, ne sachant pas où réside l'anomalie du crime, où est l'aliénation (mais où est donc la faute ?) Il part du principe qu'il existait autrefois une totalité existentielle qui n'était ni bonne ni mauvaise (androgyne), laquelle s'est déchirée, partagée (cf. Nietzsche, Par-delà le Bien et le Mal) Pour Ulrich, ainsi que le note Hartmut BöhmeAlles ist moralisch, aber die Moral selbst ist nicht moralisch !" ( 139 ) . L'immoralité a pour elle d'être critique par rapport à la moralité ; elle va dans le sens d'un effort louable qui montre que la vie peut être vécue autrement. Ensuite, la morale classique est soumise à des intérêts économiques et sociaux. C'est laMoral der Leistung", celle de la rentabilité, de la productivité. On se rend compte que Musil, par le biais d'une critique de la morale dans ce qu'elle a de frelaté dans le monde moderne, rejoint Broch et les néokantiens qui prônent une morale prétendument "purifiée, authentique". L'un et l'autre mettent finalement le conformisme (encore faudrait-il définir ce terme...) à l'écart par des voies apparemment opposées. Le rôle de Nietzsche dans tout cela n'est sans doute pas négligeable. Dans sa "morale du pas suivant Ulrich considère la qualité d'une action, non en ce qu'elle est par ellemême , mais à travers ce qui en découle. Cependant, c'est précisément cela qui caractérise la morale du chef d'entreprise, celle-là même qu'il abhorre. Alors, pour s'en détacher, Ulrich et consorts vont plus loin : ils considèrent que le profit, 'un but conforme au Bien) ni comme dans la morale capitaliste (une action apparemment douteuse en vue 139 Böhme, Hartmut. -Anomie und Entfremdung : Literatursoziologische Untersuchungen zu den Essays Robert Musils und seinem Roman Der Mann ohne Eigenschaften ,
sa vision utopique est refermée sur son couple avec Agathe et il ne peut transmettre son expérience à la société. La difficulté du roman réside dans l'impossibilité apparente de faire cohabiter le mythe et la moralité civilisée, Wir leben in einer Zeit wo die Moral entweder in Auflösung oder in Krämpfen ist ,
soll man sich rein halten Musil a écrit un poème intitulé Isis und Osiris. La mutilation d'Osiris, sa consécration par Isis, mettent en scène une vision plutôt violente de l'androgynie : Und die Schwester löste von dem Schläfer Leise das Geschlecht und aß es auf. Und sie gab ihr weiches Herz, das rote, Ihm dafür und legte es ihm auf. Und die Wunde wuchs im Traum zurecht. Und sie aß das liebliche Geschlecht. (...) Und er ißt ihr Herz ,
Durchstreichung der Ichbetonung" ( 143 ) , i.e. à la perte du Moi préalable à l'union androgyne Agathe retire une jarretière "encore chaude" et la glisse dans la poche du veston de son père mort ,
Agathe doit être parfaite, les jumeaux sont siamois, i.e. la survie de l'un dépend de l'existence de l'autre : "Siamesische Zwillinge La définition correspondante de l'inceste figure dans le chapitre "Die Reise ins Paradies, Le transfert total des Eigenschaften Oxford german studies, pp.7-147, 1973. ,
Isis und Osiris, p.597, 1957. ,
Agathe n'avait pas eu d'enfants, mais elle est potentiellement fécondable par un homme qui n'a apparemment jamais contribué concrètement à la procréation. Cependant, leur union sexuelle restera stérile (stérilité de la solitude préconisée par Weininger) Dans le pasage cité, leurs corps sont tournés "gegen den Boden", principe chthonien. Mais leur regard embrasse les feuilles mortes et desséchées de l'arbre voisin. Stérilité de leur union. En même temps, ces feuilles sont entourées d'herbes, issues de l'humus que ces mêmes feuilles produiront un jour. La création n'est donc pas totalement absente, au contraire, mais elle a toute l'éternité pour elle. On nage encore dans les oxymorons. Dans la chambre de l'inceste, l'espace et le temps sont changés, les êtres se sentent désorientés. Puis, per crucem ad rosam" citée par Jung dans Psychology and Alchemy ,
Sie waren untergegangen in diesem alles ausfüllenden Feuer, fusion alchimique suprême. Terre-Souffle-Eau-Feu, la boucle est fermée (notons au passage ce lien avec les Eléments qui caractérise aussi l'itinéraire du Virgile de Broch). L'ironie de l'histoire veut qu'après cette union, ils retournent à la société décadente dont ils voulaient s'extraire, à l'Action parallèle, ses adhérents, ses "parties" et soirées, ses sycophantes, ses prétentions intellectuelles et artistiques ,
Il dicte un texte (à moins qu'il ne l'écrive lui-même ?), qui fait part de son décès, et dont il fait courir la validité à partir du moment précis où il meurt. On voit que la mort du père est la charnière du roman, que le père, en quelque sorte, a tendance à subsister à travers le fils ,
Le gouffre qu'il redoutait à la mort de son père est en fait comblé par sa relation à sa soeur Et par la même occasion, qu'aucune séparation n'affecte Ulrich, empêche celui-ci de se réaliser seul, individuellement, de triompher du pouvoir qu'exerçait sur lui son père Deux partis s'affrontent : celui du Und et celui de l'Oder. Ulrich semble incapable de résister à l'horreur du vide, de se réaliser pleinement en toute indépendance. Finalement, à travers la soeur, l'ombre du père est toujours là Et le père, c'est l'origine, le début Le début se dissout dans la suite qui est un autre début, i.e., l'autre moitié de l'hermaphrodite, autre face de l'origine. D'une certaine manière, l'enchaînement provoqué par cette dissolution de la suite en un nouveau début, peut conduire à la morale du "pas suivant" ainsi qu'à la succession des moments factices à laquelle nous faisions allusion plus haut. Et cependant, Ulrich a l'impression, par son lien avec sa soeur, de pénétrer sans transition dans le domaine du pouvoir de son père, d'en hériter et de le réaliser, et ce Toucher ainsi sans faute à la vérité, cette "unendliche Flüßigkeit", flot ininterrompu sur lequel vogue l'homme sans qualités, entre son père et sa soeur. Mais ce n'est là qu'une impression : est-ce lui qui glisse, est-ce le monde ? Et ce flot, d'ailleurs, n'est-il pas une illusion d'optique, un piège tendu par les sens, l'esthétique de la perspective, du trompe-l'oeil dénoncé par Adolf Loos ? Musil analyse ce phénomène de plus près : en considérant une allée bordée d'arbres, Ulrich a le sentiment que l'entendement, tout comme le regard qui est étroitement lié à la perspective, regard qui, à partir d'une certaine distance, insensiblement absorbe (schließt) les espaces pourtant vacants entre les arbres, -l'entendement, parallèlement, construit des ensembles enchaînés et continus, cette perte équivaut à venir à bout de quelque chose qui balance indéfiniment entre "ce que l'on peut atteindre" et "ce qui ne vaut pas la peine d'être atteint ,
Homme sans qualités ,
Points. Romans ; 60-61), t.II, p. 34, Cette édition est citée dans les lignes qui suivent avec sa pagination, 1982. ,
Der Vater verzettelt die Schuldfrage, Einbildung und Erkenntnis bei Robert Musil und im Verständnis der "Nachbarmacht" Psychoanalyse ,
(Coll. Epistemata. Würzburger Wissenschaftliche Schriften, Reihe Literaturwissenschaft, Bd. LXV), p.176, 1991. ,
Tonka" ; trad. Ph. Jaccottet, in : Trois femmes, suivi de Noces, Paris : SeuilPoints. Nouvelles, p.80, 1983. ,
le décisionnisme ; pouvoir sauver (dans le sens de la Rédemption) et en même temps sauvegarder, préserver, sa personnalité en essayant simultanément toutes les possibilités liées à toutes les qualités, pour atteindre une totalité qui ne neutralise pas sa personnalité ,
vide de contenu, pure. La beauté, telle qu'on l'entend habituellement, est-ce "la mienne" ? (celle qui correspond à l'idée, à l'échelle, aux canons, que je m'en fais ?) Les buts, les voix, la vérité, quels sont-ils ?Tout ce que l'on croit atteindre vous atteint" (HSQ, I,153), dit Ulrich. D'où une méfiance vis-à-vis des choses, une méfiance et même une peur de se faire "encaisser Et ces choses elles-mêmes, sontelles les "vraies" ? Celles-là mêmes qui nous engloutissent, sont-elles autre chose qu'un mirage ? Meingast déclare : " La démocratie, réduite à sa plus simple expression, revient à faire ce qui se produit !" (HSQ, II,192) Les hommes ne vivent plus, ils sont vécus. Les hommes en sont réduits ,
Le Seinesgleichen, tout comme le Man Ils lui ôtent toute authenticité. On arrive à la notion de vérité non-vraie. On " voit " une vérité, mais elle est illusoire, Tout se passe comme si le On (Man) était la partie publique (Öffentlichkeit) du Dasein, ou peut-être ,
C'est du moins ce que l'on est tenté de croire. Raison, non pas du fait d'une fiabilité permanente, mais probablement "parce qu'il ne peut pas faire autrement". Parce que "c'est comme ça". Le "On" est à la traîne du Dasein. Il se faufile dans le champ de décision du Dasein ,
A certains égards, la "Spaltung" du "Ich" est en rapport avec cette séparation Man/Dasein. Musil écrit dans L'Homme sans qualitésDe nos jours (...) le centre de gravité de la responsabilité n'est plus en l'homme, mais dans les rapports des choses entre elles (...) Il s'est constitué un monde de qualités sans homme, on en viendrait presque à penser que (...) le doux fardeau de la responsabilité personnelle se dissoudra dans 151 Laerman, Klaus. -Eigenschaftslosigkeit : Reflexionen zu Musils Roman Der Man ohne Eigenschaften ,
Elle est dépourvue d'authenticité Elle laisse la place au discours, au pré-texte pur, celui qui remplace l'action véritable en la neutralisant sans cesse Le discours est la porte ouverte au possible, contrairement à l'action qui, elle, tranche. L'action " braque " la chose. Le discours permettre d'éviter l'appropriation de la chose (die Zueignung der Sache [ 155 ] ) et donc la responsabilité. On vit de ce fait assez souvent par procurationOn a toujours beaucoup plus de chances d'apprendre un événement extraordinaire par le journal que de le vivre ; en d'autres termes, c'est dans l'abstrait que se passe de nos jours l'essentiel, et il ne reste plus à la réalité que l'accessoire." (HSQ, I,81) L'abstraction soulage, la guerre est ailleurs (qui pourtant est concrète), c'est un autre que soi, identique à soi mais néanmoins autre, qui souffre, ailleurs (cf. le rôle de la presse chez Broch, et surtout chez Karl Kraus, qui vilipende les journalistes, leur éthique et leur style.) Le On castre le Dasein qui ne se raccroche qu'à des significations : "Qui oserait encore prétendre, aujourd'hui, que sa colère soit vraiment la sienne ? (...) Il s'est constitué un monde (...) d'expériences vécues sans personne pour les vivre." (HSQ, I, pp.178-179 ,
il y avait quelque chose, cet objet serait mutilant Le champ est donc libre : c'est laZirkelstruktur des dezisionistischen Verhaltens Cercle vicieux, nouveau leurre ; tout comme le Pourquoi de l'"avoir-lieu" (Stattfinden) Qu'est-ce qu'un "événement" ? Pourquoi en retient-on l'image ? Si l'on dit que 1913 et 1914 ont été déterminants, 154 " Distancement, médiocrité, nivellement, constituent, en tant que guises d'être du On, ce que nous connaissons au titre de la publicité [Öffentlichkeit] " in : Heidegger, Martin. -Etre et temps ; trad. de la 10e éd, HSQ, I, 429 155 Heidegger, M. -Sein und Zeit, pp.169-156, 1985. ,
jalonnement ; de ce fait, il n'est pas en mesure de se prononcer sur l'authenticité d'un événement Ulrich s'insurge contre une telle attitude Il déplore que l'humanité soit embarquée ainsi dans une caisse qui glisse a volo sur les rails de l'existence, sans savoir où, se fixant des buts les uns après les autres, sans intérêt (cf. les nombreuses images de voyages ferroviaires, chez MusilLe voyage fabuleux en bateau de l'opéra de Bermann dans Vienne au crépuscule de Schnitzler...) Ulrich critique le fait que l'humanité soit ainsi le jouet de l'histoire. L'individu apparaît finalement plutôt passif ; par lui, l'avenir envahit le temps en permanence, s'imposant à lui dans son infinité quantitative, sans qu'il ait l'idée de la modifier qualitativement. Heidegger reprend le même thème. Les hommes sont "überall und nirgends, Nicht mehr jetzt der Vergangenheit" ..."Noch nicht jetzt der Zukunft ,
Comme un malade qui met des mots les uns à la suite des autres sans faire de phrase cohérente Ulrich voit chaque jalon substituable à un autre. Il faut se rebeller contre l'histoire anecdotique, il faut faire l'histoire et pour cela endiguer le flot de la Jetztfolge. Il faut arrêter la Jetztheit, la retenir, et posséder le Moment. Pas le faux moment, celui de la séquence de moments. Le Moment universel dont il faut circonscrire l'enclave (espace ? temps ?) dans l'extase d'un présent qui est justement sans limites ,
Ce reflet ne nous semble pas déplacé. La décision d'arrêter le cours de l'histoire dans LE MomentWerden ohne Veränderung II : La réalité et l'extase) peut intervenir " à tout moment " . Le langage est inapte à décrire l'extase. Le domaine de la temporalité authentique est inaccessible. Mais en même temps il y a une relation (verbale) de l'extase, une prise de conscience de sa survenue. Cette prise de conscience est contradictoire avec l'extase. Il y a un éclatement de l'individu, qui donne naissance à un parallélisme interne au sujet et donc à une forme de schizophrénie. D'une certaine manière, Chandos prend soudainement conscience de la crise, lors de sa vision des rats dans la cave Ulrich reproche aux hommes leur prosaïsme (c'est l'allusion au langage vulgaire) Le lyrisme est bien attaché à l'extase, au terme de laquelle (car il semble que, même dans la mort [?] elle ne se prolonge jamais ; le suicide n'est pas forcément la solution...) l'individu rechute dans la Jetztfolge. On assiste à un mouvement pendulaire, une oscillation entre deux mondes, entre deux angoisses, mais aussi entre deux types de béatitude : quitter la Jetztfolge, HSQ Cet acte de connaissance le ramène à une situation antérieure de structuration du Moi et du monde, après cette épreuve : nouveau partage du Moi, nouvelle Spaltung ,
Les conséquences morales de ce dilemme sont évidemment importantes. A certains égards, l'homme sans qualités se trouve Il peut avoir une perception de l'éthique détachée des apparences, des conventions prosaïques Ulrich combat la morale traditionnelle. En réalité, se contenter de suivre une loi à la lettre (ou les injonctions d'un dictateur) engage beaucoup moins la responsabilité individuelle qu'une certaine lecture de ce que la société appelle le mal (das Böse) ; car le Droit et la Loi sont inhérents au Seinesgleichen. C'est l'homme qui donne son empreinte, son caractère à l'acte, et non pas l'acte qui donne son caractère à l'homme. Mais la morale traditionnelle n'est pas seulement caractérisée par un semblant d'angélisme. Elle a une autre facette, pragmatique dont la manifestation quotidienne se résume dans la recherche du succès, auquel s'associe le rendement, La base du succès réside dans la succession de succès... (Le Jetzt, miné par le Seinesgleichen, qui succède à un autre) Le succès est fragile ,
Mal sont à son service. Ils ont une valeur fonctionnelle ,
sans que leur association, leur fusion, soit l'instrument désintégrant et générateur de médiocrité pragmatique de la morale de la productivité Au contraire, ils seront transcendés. Dans ce cas, on en revient toujours à la contradiction qui mine le sujet : saisir l'objet, c'est sombrer dans la Jetztheit. Mais sans objet, comment se définir ? Comment se ,
Errance incessante en haut puis en bas, double spirale telle que l De là le nom que donne Musil à cette morale qui s'appuie sur la notion de chose vécue : "die des Steigens und Sinkens". Il écrit dans L'Homme sans qualités : "Or, Agathe était en passe d'abandonner le domaine clôturé de la morale pour s'aventurer dans cette profondeur sans limite où il n'est plus d'autre décision que de monter ou de descendre (HSQ, II,152) Ces évolutions de l'individu ont pour but de retrouver l'Objet du monde environnant dans sa globalité, à l'intérieur du Moi sans objet, comme si celui-ci, ayant horreur du vide que l'extase lui a imposé, aspirait la collectivité cosmique des objets alentour. Là, plus d'étapes, plus d'épisodes, et surtout, plus de finalité. Pas d'objectifs (pas d'objets...) La morale est " esthétisée, Je ne serais pas loin d'affirmer même que notre existence tout entière devrait être littérature !" (HSQ ,
des ewigen Daseins " , pour reprendre les termes de Hofmannsthal évoqués plus haut. Mais le symbole implique la distance ,
City of Man : a declaration on world democracy, 1940. ,
-Stimmen ; éd. par Manfred Durzak, 1966. ,
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-Volkerbund-Resolution : das vollst. polit ,
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-Création littéraire et connaissance ; trad. par A. Kohn, Paris : Gallimard, 1985. ,
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-Les Irresponsables ; trad. par A, 1989. ,
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Frankfurt : Fischer, 1979-1980 * Hofmannsthal, H. -Sämtliche Werke, Frankfurt : Fischer, 1975- * Hofmannsthal, H. -Ad me ipsum, 1959. ,
Wien, Ein Brief (Lord Chandos), in : Gesammelte Werke in Einzelausgaben. Prosa 2. Hrsg. von H. Steiner. Frankfurt, 1951 * Hofmannsthal, H. -Gedichte und lyrische Dramen, 1900. ,
Andréas et autres récits ; trad. Eugène Badoux et Magda Michel, 1970. ,
Livre des amis ; trad, 1990. ,
-La Tour ; trad. et adapt, pp.800-815 ,
Lettres à Milena ; trad. Alexandre Vialatte, Paris : Gallimard, 1988. ,
Frühe Schriften 1892-1900 ; hrsg. von Joh, J. Braakenburg, Bd. II. München, 1979. ,
Petite Bibliothèque Rivages) Comprend : Une couronne pour Sion, Eros et Thémis, Un procès criminel en Autriche, 1975. ,
Nuit venue ; trad. par R. Lewinter. Paris : Gérard Lebovici, p.353, 1986. ,
-Paroles dans le vide : chroniques écrites à l'occasion de l'Exposition viennoise du Jubilé (1898) : autres chroniques des années 1897-1900 ; Malgré tout (1900-1930) ; trad. par C. Heim, 1979. ,
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Der Mann ohne Eigenschaften ; hrsg. von A. Frisé. Reinbeck bei Hamburg : Rowohlt, 1952. ,
Désarrois de l'élève Törless ; trad ,
-Essais, conférences, critique, aphorismes, réflexions ; textes choisis, trad. et présentés par Ph. Jaccottet, d'après l'éd. d'Adolf Frisé, 1984. ,
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/ird-01343413
Homme sans qualités ; trad. par Ph, pp.60-61, 1982. ,
-Journaux ; trad. par Ph. Jaccottet, d'après l'éd. allemande d'A. Frisé, 1982. ,
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/ird-01343413
-Oeuvres pré-posthumes ; trad. par Ph, Jaccottet. Paris : Seuil, 1965. ,
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/ird-01343413
-Pour une évaluation des doctrines de Mach ; éd. Paul- Laurent Assoun, trad. Michel-François Demet, Paris : P.U.F, 1985. ,
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/ird-01343413
-Trois femmes ; suivi de : Noces ; trad, Points. Romans, vol.116, 1983. ,
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