Au milieu du XVe siècle, 8 000 habitants trouvaient refuge entre les murailles de Douai. Depuis le XIIe siècle et l’obtention de la charte communale, le développement urbain s’est accéléré et la prospérité économique fit de Douai l’une des cinq Scabini Flandriae. La législation urbaine n’a cessé de se renforcer, la hiérarchie urbaine de se complexifier. Si la plupart des hommes, bourgeois, forains ou manants, s’identifiaient par leur métier, d’autres étaient gratifiés de titres de courtoisie pour mieux affirmer leur supériorité sociale. Certains chevaliers et écuyers étaient nobles ou gentilshommes, certains prêtres étaient vénérables et discrets, certains bourgeois étaient notables ou honnêtes, alors que la plupart des particuliers formaient la masse du petit peuple. Les femmes qui s’extirpaient des couches moyennes étaient appelées dames ou demoiselles. Les couples, qui étaient le fruit d’âpres négociations de mariage entre familles de condition sociale diverse et variée, formaient une nouvelle génération plus ou moins dépendante des ascendants. Les fortunes, assurées par les rentes ou l’exercice d’un métier, renforcées par un héritage conséquent chez les mieux lotis, nuançaient d’autant plus les profils sociaux des couples douaisiens. La mobilité sociale se révèle alors au détour des mariages, à travers des situations d’endogamie ou d’exogamie, d’homogamie ou d’hétérogamie, au fil d’une ou plusieurs générations. En poursuivant ou non la voie tracée et désirée par les pères, quelques-uns gravissaient l’échelle sociale, secondés par une bonne Fortune sinon par des stratégies et un réseau social des plus efficaces. Mais pour les rares familles bourgeoises qui atteignirent la noblesse au terme d’un si long périple, l’aventure douaisienne, fut-elle des plus prestigieuses, était-elle vouée à prendre fin ?