Exposition hormonale et force de préhension chez les femmes en population générale : résultats de l’étude de cohorte française Constances
Résumé
CONTEXTE - Le vieillissement est caractérisé par de moins bonnes performances motrices associées à un risque accru de dépendance et de décès. La force de préhension (FP), mesure simple d’estimation de la force musculaire, participe au diagnostic de sarcopénie et de fragilité. Alors que les estrogènes sont impliqués dans des mécanismes neuroprotecteurs d’inhibition de la résorption osseuse et de maintien de la masse musculaire, l’association entre l’exposition hormonale et les performances physiques demeure controversée. OBJECTIFS - Etudier l’association entre l’exposition hormonale et la FP chez des femmes de plus de 45 ans. METHODES - Entre 2012 et 2020, environ 220.000 volontaires de 18 à 69 ans ont été inclus dans l’étude Constances et les participants de plus de 45 ans ont bénéficié de tests de performances physiques (N=37.935 femmes). Après imputations multiples par équations chainées afin de tenir compte des données manquantes sur la FP, des modèles linéaires mixtes avec effet aléatoire sur le centre ont été utilisés pour évaluer l’association entre les caractéristiques de la vie reproductive, les hormones exogènes, un score d’exposition hormonale cumulée et la FP à l’inclusion. RESULTATS - La moyenne de la FP était de 26,5 kg. Après prise en compte de facteurs de confusion et ajustement mutuel sur l’ensemble des expositions hormonales, la FP augmentait avec l’âge des règles (Bêta+1 an=0.07; Intervalle de Confiance (IC) à 95%: 0.03; 0.10) et la durée d’allaitement (Bêta>12 mois vs <3 mois=0.48; IC95%: 0.23; 0.74). Comparées aux femmes non ménopausées, celles en périménopause et après la ménopause avaient une FP plus faible (Bêta=-0.59; IC95%: -1.10; -0.08 et Bêta=-0.86; IC95%: -1.05; -0.67, respectivement). En revanche, l’âge à la ménopause et le type de ménopause ne modifiaient pas la FP. La FP était inversement associée à la durée d’utilisation de la pilule (Bêta>5 ans vs <1 an=-0.26; IC95%: -0.51; 0.00). Comparées aux femmes n’ayant jamais utilisé de traitement hormonal de la ménopause, la FP était plus faible chez les anciennes utilisatrices (Bêta=-0.39; IC95%: -0.56; -0.23). Le score d’exposition hormonale cumulée était positivement et linéairement associé à la FP. CONCLUSION - Nos résultats suggèrent que les hauts niveaux d’exposition hormonale sont associés à une meilleure FP chez les femmes.