Au début des années 2000, le projet du Gondwanaland Geopark a émergé en Namibie, sous l’impulsion de la Geological Survey, organe du Ministère des Mines et de l’Energie. Localisé au Nord-Est de la Namibie, à cheval sur les régions de Kunene et de l’Erongo, ce projet s’appuie sur un contexte géologique spectaculaire, à l’image des réputés massifs de Spitzkoppe et du Brandberg (Schneider, 2005). Mais deux décennies plus tard, le projet n’a toujours pas vu le jour, notamment en raison de l’absence d’un cadre législatif permettant la proclamation d’un espace comme géoparc. Le projet somnolait jusqu’à son réveil il y a quelques années sous l’impulsion de l’UNESCO et de l’organe de coopération germano-namibienne (GIZ). En réalité, les difficultés législatives ne sont pas les seuls freins à sa mise en place. L’immensité de l’espace envisagé, la nécessité de rassembler des acteurs à différentes échelles, l’absence d’intégration des populations locales et la présence importante d’activités minières artisanales plus ou moins contrôlées sont autant de problématiques en suspens, dont la prégnance varie selon les configurations spatiales envisagées pour le géoparc. Après deux décennies, la question de la localisation du géoparc, première pierre qui doit être posée et véritable clef de voute du projet, reste encore en débat. C’est en grande partie autour de la place de l’activité minière artisanale dans un tel espace que se cristallisent les tensions. Il faut dire que la mine artisanale – essentiellement de pierres semi-précieuses (Nyambe & Amunkete, 2009) – représente une source d’emplois et de revenus indispensables dans les zones rurales (Odendaal & Hebinck, 2020), où le taux de chômage y est particulièrement élevé (Nakuta, 2023). D’un autre côté, le géoutourisme – basé sur les richesses culturelles, faunistiques et géologiques du pays – représente une véritable opportunité de développement pour le pays (Dowling & Pforr, 2021). Ainsi, la mise en place du geoparc doit d’abord passer par la résolution de plusieurs questions : Faut-il réduire l’espace initialement prévu et exclure les zones de mines artisanales, sources de tensions ? Ou au contraire se servir de l’outil géoparc pour améliorer la situation des mineurs et ainsi réduire le niveau de conflictualité ? Mais comment contrôler une activité qui s’inscrit largement dans un contexte informel ? L’analyse du choix de l’emplacement du géoparc permet de mettre en lumière les différents imaginaires et fonctions attribués à un même espace par des acteurs différents, ainsi que les rapports de pouvoir qui s’exercent entre ces acteurs pour défendre – ou imposer – leur vision du territoire. Brilha J. (2018). Geoheritage and Geoparks. Dans E. Reynard et J. Brilha (dirs.), Geoheritage (pp. 323-335). Elsevier. https://doi.org/10.1016/B978-0-12-809531-7.00018-6. Dowling R., Pforr C. (2021). Geotourism – a sustainable development option for Namibia. Journal of Ecotourism. DOI: 10.1080/14724049.2021.1910699 Errami E., et al. (2015). Geoheritage and Geoparks in Africa and the Middle-East: Challenges and Perspectives. From Geoheritage to Geoparks. DOI 10.1007/978-3-319-10708-0_1 Nyambe J. M., Amunkete T. (2009). Small-Scale Mining and Its Impact on Poverty in Namibia: A Case Study of Miners in the Erongo Region. Trade & Inudstrial Policy Strategies. Schneider G. I.C. (2005). - GONDWANALAND GEOPARK - A proposed Geopark for Namibia. University of Namibia. Stewart Carter A. (2021). Hands That Dig, Hands That Feed: Lives Shaped by Coloured Gemstone Mining. The Coloured Gemstones Working Group.