From the imagined Nations to the statistical engineering . Population and State in Central Europe (Germany, Austria, Poland), 1848−1919
De l’imaginaire national à l’ingénierie statistique. Population et État en Europe Centrale (Allemagne, Autriche, Pologne), 1848-1919
Résumé
This research deals with the making of population statistics used in the politics of nationalization and by national movements in Central European during the 19th century. It is focused on the phase of transformation of nationalism, from the emancipation movement of the nationalities in 1848 to mass nationalism in the 20th century. Poland whose territories were shared at the end of the 18th century between the three states − Prussia, Russia and Austria − is taken as an exemplary case study that displays all the dimensions of the issue: the conduct of population censuses by the statistical office, the use of the figures for the implementation of nationalizing campaign, discrimination and expulsion, the reappropriation of these official statistics by the national polish activists, and at least the use of this voluminous documentation by the diplomatic experts at the Peace Conference in 1919 to trace the borders of the new states. This study intends to give a contribution to the history of nationalism through the statistics but it problematizes also the evidence of numbers in the national claims and politics. It questions therefore the historical conditions that made possible the numbering of nationality and investigates the political configurations that were crucial for the Polish question.
Cette recherche retrace l’histoire de la place prédominante prise par les statistiques dans les politiques et revendications nationales dans l’espace centre-européen au cours du 19e siècle. Elle l’interroge dans la phase de transformation du nationalisme, du mouvement émancipateur des nationalités de 1848 au nationalisme de masse du 20e siècle. La Pologne dont les territoires furent partagés à la fin du 18e siècle entre les trois États, prussien, russe et autrichien, en offre un cas exemplaire : dénombrements par les administrations statistiques de la population, exploitation des résultats pour le compte des politiques d’assimilation, mais également réappropriation de ces statistiques nationales par le mouvement polonais et enfin usage par les experts diplomatiques à la Conférence de la paix en 1919 pour décider des tracés frontaliers. Cette recherche propose une histoire du nationalisme à partir de la statistique, mais en problématisant l’évidence prise par le nombre dans les discours et politiques nationales. Elle interroge les conditions d’émergence et de possibilité de cette mise en nombre de la nationalité dans des configurations politiques de la question polonaise : mouvement des nationalités en 1848, politique polonaise du Kaiserreich, Première Guerre mondiale.