Cette Habilitation à Diriger des Recherches résulte d’un parcours qui m’a mené de la didactique des sciences du vivant à celle de l’éducation à l’environnement et à la santé, puis à l’éducation pour un développement durable. Dans le travail effectué, je pose les principes fondamentaux d’un curriculum possible d’une éducation pour un développement durable. En effet, il n’existe pas actuellement pour cette éducation un ensemble cohérent et planifié de propositions destinées à l’enseignement général et obligatoire : l’éducation pour un développement durable ne peut prendre la forme de situations d’enseignement/apprentissage d’un contenu qui serait à transmettre. D’une part, depuis sa formulation initiale comme norme internationale de gouvernance, l’idée de développement durable continue de se modifier au gré de compromis successifs et d’un double processus d’appropriation sociétale et académique. D’autre part, c’est d’éducation en société dont il s’agit. La nécessaire transformation forte et profonde de la société qu’implique l’idée de développement durable ne peut se réaliser sans la participation active des citoyens et sans la créativité collective qui en résulte. L’éducation scolaire est alors une condition et une opportunité de transformation pour la société mais, en retour, l’éducation au développement durable offre pour l’Ecole l’opportunité d’une transformation profonde de ses pratiques. D’un point de vue curriculaire et didactique, cette position implique d’offrir aux élèves les occasions de se construire des dispositions (capacités/engagement) individuelles et collectives à agir en vue d’élaborer des solutions sociétales durables. Cela passe par la recherche de la diminution des vulnérabilités sociales et environnementales lors d’actions éducatives. Celles-ci sont alors conçues comme une participation effective à des actions de développement durable diversifiées, appropriées et ajustées. Cependant, ces actions sont à compléter par des investigations multiréférentielles d’enjeux, et des contributions des matières et disciplines, garantissant ainsi la construction d’un ensemble organisé et cohérent permettant le développement éducatif et son acceptabilité par les acteurs. Ce sont les implications de ces choix stratégiques et programmatiques qui sont l’objet du mémoire d’habilitation. En effet, la centration sur l’acquisition de dispositions au moyen de pratiques sociales expérientielles transforme en profondeur l’éducation tant au niveau de ses enjeux que de ses missions et de ses modalités (format scolaire, contenus, relations théorie/pratique et statut des savoirs, apprentissages et leur évaluation, modalités du travail enseignant …). Au final, la didactique elle-même en est transformée : les bases d’une didactique de « contenus-orientés-action » sont ainsi construites. Celle-ci ambitionne d’être un instrument de médiation incontournable pour une participation active de l’Ecole à une transformation rapide, démocratique et durable de la société.