Au Burkina Faso, la situation alimentaire et le statut nutritionnel des populations se caractérisent par un contraste saisissant entre des disponibilités céréalières très souvent satisfaisantes et des prévalences élevées de la sous-nutrition infantile. Afin de contribuer à générer des données probantes sur l’adéquation nutritionnelle et les relations entre certaines maladies et les apports nutritionnels, ont été mesurés d’une part la qualité de la consommation alimentaire des ménages, des femmes et des enfants y compris leurs déterminants en fonction des périodes agricoles, et d’autre part l’état nutritionnel des couples mère/nouveau-nés. L’étude a concerné 985 ; 930 ; 936 ménages respectivement en période de mitigation, soudure et relèvement dans les quatre provinces de la région. Au total 971 ; 930 ; 936 femmes en âge de procréer ont été inclues respectivement en période de mitigation, soudure et relèvement. Les enfants de 6 à 59 mois concernés étaient de 608 ; 728 ; 591 respectivement en période de mitigation, soudure et relèvement. Les couples mère/nouveau-nés retenus pour l’étude de l’état nutritionnel étaient au total 1115. Les rappels de sept jours et de 24 heures ont été les périodes de référence pour la collecte des données respectivement sur la consommation alimentaire des ménages et des individus (femmes et enfants). Les paramètres anthropométriques des couples mères/nouveau-nés ont été utilisés pour déterminer leur état nutritionnel. Le score de consommation alimentaire du ménage (SCA) a été calculé selon la méthodologie du PAM. Pour le score de diversité alimentaire des enfants de 6 à 23 mois et de 24 à 59 mois, respectivement les méthodes de l’OMS et de la FAO ont été utilisées. Les profils de consommation alimentaire ont été évalués en faisant une analyse des sous-groupes ou groupes d’aliments consommés par au moins 50% des ménages ou des individus pour chaque classe de consommation alimentaire des ménages ou de diversité alimentaire individuelle selon la méthode proposée par la FAO. Les variables dépendantes étant la consommation alimentaire du ménage, la diversité alimentaire individuelle et l’insuffisance pondérale à la naissance, des analyses de régression logistique ont été réalisées pour identifier les facteurs qui leurs étaient associés. Quant à la consommation alimentaire des ménages, le groupe des céréales et dérivés était le plus consommé quelle que soit la période concernée. La consommation des huit groupes d’aliments variait significativement entre les périodes de l’année sauf le groupe de lait et les produits laitiers qui étaient faiblement consommés durant toute l’année. Chez les femmes en âge de procréer et les enfants de 6 à 59 mois, les œufs, les viandes, les fruits riches en vitamine A et les légumes à feuilles vert foncé étaient plus consommés en période de soudure par rapport aux autres périodes agricoles. Les tubercules blancs, racines et plantains et les autres fruits étaient plus consommés en période de relèvement chez les femmes et les enfants de 6 à 59 mois. Le score moyen de consommation alimentaire des ménages était de 28,6 ; 34,9 et 38,2 respectivement en période de soudure, relèvement et mitigation. La province d’origine, le nombre de source de revenu et le nombre d’animaux d’élevage étaient associés à l’insécurité alimentaire des ménages quelle que soit la période agricole. Le score moyen de diversité alimentaire des femmes variait de 6,48 ; 5,47 et 4,84 sur 10, respectivement en période de mitigation, soudure et relèvement. Celui des enfants de 6 à 23 mois variait de 4,84 ; 4,45 et 4,38 sur 7, respectivement en période de relèvement, mitigation et soudure. Le score moyen de diversité alimentaire des enfants de 24 à 59 mois variait de 5,53 ; 5,33 et 5,12 sur 9, respectivement en période de soudure, mitigation et relèvement. Concernant les profils alimentaires, la consommation du poisson, de l’huile ou graisse et des fruits permettait aux ménages ayant un score de consommation alimentaire acceptable de faire la différence quelle que soit la période agricole par rapport ceux ayant un score de consommation alimentaire faible et limite. En période de relèvement, le régime alimentaire des femmes ayant une diversité alimentaire faible et minimale était identique. En période de mitigation et de soudure, le régime alimentaire des enfants de 24 à 59 mois ayant une diversité alimentaire faible et élevée était identique. En période de mitigation et de relèvement le régime alimentaire des enfants de 6 à 23 mois ayant une diversité alimentaire faible et minimale était identique. L’évaluation de l’état nutritionnel a montré que 20% des nouveau-nés souffraient de microcéphalie et 11,1% d’insuffisance pondérale à la naissance. Chez les mères, 14% étaient en situation de sous-nutrition sur la base du périmètre brachial et de l’indice de masse corporelle. L’état nutritionnel de la mère avant la grossesse, le poids de la mère durant la dernière CPN, la province d’origine, le sexe et le périmètre crânien du nouveau-né étaient associés à l’insuffisance pondérale à la naissance. Des interventions multisectorielles spécifiques et sensibles à la nutrition devraient être initiées ou renforcées pour améliorer les indicateurs pays pour l’atteinte des ODD en 2030.