L’histoire des sociétés passées doit être replacée dans un contexte global incluant l’environnement climatique et biologique. Cette démarche, qui fait appel à de nombreux spécialistes, est aujourd’hui adoptée par la majorité des équipes de recherche, notamment celles qui s’appliquent à reconstituer le couvert végétal dans lequel ces sociétés ont vécu et qu’elles ont en partie domestiqué. Les analyses « carpologiques » (étude des éléments macroscopiques d’origine végétale : graines, fruits, champignons, algues, mousses, sphaignes, feuilles, etc.), sont essentiellement développées en contexte anthropique. Parallèlement aux fouilles des sites archéologiques, une recherche en contexte « hors-site », visant à étudier l’histoire de la végétation, reste aujourd’hui à développer. À partir des comblements de paléochenaux actuels, sub-actuels et passés, qui sont situés en basses vallées de Bourgogne, Franche-Comté et Ardennes (France), cette thèse s’attachera à interpréter les signaux carpologiques pour reconstituer les communautés végétales et leurs évolutions en fonction de facteurs climatiques, hydrologiques et pédologiques. Dans une démarche multiscalaire et un cadre chronologique précis, les données des écofacts végétaux croisées avec celles de la géoarchéologie, de la paléobotanique et de la paléozoologie apportent une compréhension plus fine des paysages anciens. De surcroît, le fonctionnement des zones humides est en partie restitué par l’analyse des macro-restes végétaux. Les modèles ainsi établis pourront guider les réflexions sur les modifications écologiques actuelles. Notre recherche, à partir des carpo-restes, a pour ambition de développer des méthodes appropriées pour l’identification, la quantification et la reconstitution des paléo-paysages. La carpologie vient enrichir les données pluridisciplinaires paléoécologiques en apportant une lecture complémentaire de l’histoire des biotopes du Passé.