The market for living together. Between the professionalisation of landlord-tenant intermediation and the pacification of conflicts in large social housing estates
Le marché du vivre ensemble. Entre professionnalisation de l’intermédiation bailleurs-locataires et pacification des conflits dans les grands ensembles HLM.
Résumé
Based on an immersive survey at a service provider for social housing organisations, this thesis analyses how the treatment of residential disorders in social housing has generated a market for a nebulous group of associations and consultancy firms specialising in social and urban engineering. Faced with residential disorders that challenge management and cohabitation methods in large housing estates, a segmented professional group - the actors of 'urban social development' (DSU) - tries to legitimise its expertise by claiming a double capacity of intermediation between landlords and tenants and of mobilisation of the 'invisible' and other 'excluded' of the public space. However, the process of professionalisation of these actors is nevertheless confronted with the property and management concerns of the HLM organisations, which are the sponsors of their actions. This subordination leads to identity tensions for the actors, who are torn between a managerial rationality supported by the HLM world and the social development objectives pursued by the urban policy. The DSU professionals within the landlords manage this positioning test by subcontracting face-to-face relations with residents to service providers, who have managed to monetise the 'field' work at the cost of standardising their services. Faced with social and residential problems for which residents and neighbourhood workers are ultimately held responsible, the latter would then have no other option than to take responsibility and learn to live together.
À partir d’une enquête en immersion chez un prestataire pour des organismes HLM, cette thèse analyse comment le traitement des troubles résidentiels dans le parc social a généré un marché pour une nébuleuse d’associations et de bureaux d’études spécialisés en ingénierie sociale et urbaine. Face à des désordres résidentiels qui mettent à l’épreuve les modes de gestion et de cohabitation dans les grands ensembles, un groupe professionnel segmenté – les acteurs du « développement social urbain » (DSU) – tente de légitimer son expertise, en revendiquant une double capacité d’intermédiation entre bailleurs et locataires et de mobilisation des « invisibles » et autres « exclus » de l’espace public. Mais le processus de professionnalisation de ces intervenants se heurte néanmoins aux préoccupations patrimoniales et gestionnaires des organismes HLM, qui sont les commanditaires de leurs actions. Cette subordination entraîne des tensions identitaires pour les acteurs, tiraillés entre une rationalité gestionnaire portée par le monde HLM, et les objectifs de développement social poursuivis par la politique de la ville. Les professionnels du DSU internes aux bailleurs gèrent cette épreuve de positionnement en sous-traitant les relations de face-à-face avec les résidents à des prestataires, parvenus à monétiser le travail de « terrain » au prix d’une standardisation de leurs prestations. Face à des problèmes sociaux et résidentiels dont les habitants et les agents de proximité sont in fine rendus responsables, ceux-ci n’auraient alors d’autres issues que de se responsabiliser et de faire l’apprentissage du vivre ensemble.
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