Au début des années 1980, l’arrivée de Jack Lang au gouvernement et de Maurice Fleuret à la Direction de la musique favorise une politique culturelle valorisant la création. Ainsi, le théâtre musical émerge en courant lyrique original, et les premières compagnies de théâtre lyrique voient le jour. Mireille Larroche fonde la Péniche Opéra en 1982 à Paris et propose un modèle construit sur un projet polistique fort : renouveler et démocratiser le spectacle lyrique, au contact de publics habitués et marginalisés de la culture. La viabilité de ce projet est pourtant en inadéquation avec les réalités économiques car la compagnie ne peut produire et créer de spectacles sans l’appui de nombreux partenaires. La compagnie repose sur sa capacité à s’adapter aux risques, contraintes et opportunités économiques, sociales et artistiques, capacité que nous nommons adaptabilité. Elle s’adapte à cet environnement économique contraignant en créant un modèle alternatif de production dont découle une adaptation à l’environnement socio-culturel et une organisation précise de la création autour de Mireille Larroche, dont la place, le rôle et les pouvoirs influencent fortement les choix artistiques. La compagnie fait de son adaptabilité une ligne de conduite artistique qui traduit une autonomie et une forme de liberté dans la création. Elle résulte dans la construction de codes et d’outils dramaturgiques précis que nous appelons dramaturgie adaptative, et dont émerge une hybridité artistique. Au moyen de son adaptabilité, la compagnie Péniche Opéra élabore un état d’esprit collaboratif et artisanal, que nous décelons chez d’autres compagnies lyriques et théâtrales du paysage culturel français.