Une histoire du risque, du naufrage et de la sécurisation maritime dans les Petites Antilles au XIXe siècle : l’exemple de la Martinique - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2022

A history of risk, shipwreck, and maritime security in the Lesser Antilles in the 19th century : the example of Martinique

Une histoire du risque, du naufrage et de la sécurisation maritime dans les Petites Antilles au XIXe siècle : l’exemple de la Martinique

Maxence Robyns
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1231841
  • IdRef : 268127131

Résumé

The study of maritime risk in Martinique during the 19th century revealed the loss of about 600 ships. This thesis is based on the principle that shipwreck is a prism for the historical study of coastal societies. This allows the analysis of the flows of trade and the relations between the people and the sea. The sinking remains nonetheless a marginal event since the analysis of the maritime risk shows that less than 1% of the ships frequenting Martinique get lost there. The main cause of the disaster is the climate hazard hurricanes, gales, or tidal waves, etc. The second is human error (7%). In this case, it is the fault of the master, crew or pilot of the port that causes the sinking. The volcanic repercussions of the eruption of May 8, 1902, represent only 4% of our sample. The geographical study shows that the phenomenon of sinking is mostly coastal since 94% of the losses are located near the shore. Throughout the period analysed, it is the harbour of Saint-Pierre that constitutes the riskiest place for navigation. It does not protect ships during the hurricane season. The second pole of losses is in Fort-de-France. These geographical disparities are representative of the commercial rivalry between the city of the North and the administrative capital. The shipwreck is a window for the analysis of maritime flows. In the 19th century, Saint-Pierre retained its hegemonic role as a centre of commerce. The ships docking mainly sail under the French flag, Martinique remaining under the influence of «the exclusive colonial» until the 1860s. Nevertheless, this prohibition is less and less respected in practice since it is not uncommon to find mention of the loss of an American or English boat in Martinique waters. Although the shipwreck is only an exceptional thing in terms of overall maritime traffic, local authorities all adopt a series of measures to limit them. These were the subject of harsh debates between the seafarers, the harbour master and the governor’s council. Thus, the choice of safe anchorage during the hurricane season is taken from the beginning of colonisation. In the 19th century, new hydrographic studies were carried out to improve mapping and/or correct faults on old maps. Advances in marine technology are one of the factors reducing the risk of loss of a vessel. The use of iron hulls makes vessels stronger and quicker to return to the sea after a grounding. Finally, port, and coastal development and the marking of passes are a response to most marine threats. Several bodies and mooring anchors are installed in Saint-Pierre to secure the ships during the wintering season. However, the latter are in insufficient numbers in the face of ever-increasing attendance. In Fort-de-France, the port was greatly improved with the creation of wharves and a dry dock. In the 19th century, the Carenage pass at Fort-de-France was marked by buoys. Lights were erected on the colony’s shores. The first were Fort Saint-Louis (1828) and Pointe des Nègres (1855). The night landing was secured with the Caravelle lighthouse in 1862. Others were built in Saint-Pierre. The first was built before 1861 and is located on the Sainte-Marthe battery. The one in Place Bertin was not built until 1883.All these improvements and constructions must be an adequate response to the risks. If some of them respond to it correctly, it is only a financial waste and serves only as a source of bitterness for navigation, as is the case with the lighthouse in Place Bertin. In conclusion, this thesis has highlighted that the maritime risk of Martinique is present, but that it is minimal. The securing of the coasts is progressive and is done gradually. No global project was born during the 19th century. Moreover, these have only a very small impact on a decrease in the probability of sinking.
L’étude du risque maritime à la Martinique, durant le XIXe siècle, a permis de mettre en évidence la perte d’environ 600 navires. Cette thèse repose sur le principe que le naufrage est un prisme permettant l’étude historique des sociétés côtières. Le naufrage n’en reste pas moins un évènement marginal puisque l’analyse du risque maritime démontre que moins de 1% des navires fréquentant la Martinique s’y perd. La principale cause du désastre est l’aléa climatique : ouragans, coups de vent ou raz-de-marée… La seconde réside dans les erreurs humaines. Dans ce cas de figure, c’est une faute du capitaine, de l’équipage ou du pilote du port qui provoque le naufrage. Les répercussions volcaniques de l’éruption du 8 mai 1902 ne représentent que 4% de notre échantillon. L’étude géographique prouve que le phénomène du naufrage est un majoritairement côtier puisque 94% des pertes sont localisées près des rivages. Tout au long de la période analysée, c’est la rade de Saint-Pierre qui constitue le lieu le plus à risque pour la navigation. Celle-ci ne protège nullement les navires durant la saison cyclonique. Le second pôle des pertes est situé à Fort-de-France. Ces disparités géographiques sont représentatives de la rivalité commerciale qui se joue entre la cité du Nord et la capitale administrative. Le naufrage est une fenêtre pour l’analyse des flux maritimes. Au XIXe siècle, Saint-Pierre garde son rôle hégémonique de centre du commerce. Les vaisseaux accostant naviguent principalement sous pavillon français, la Martinique restant sous l’emprise de « l’exclusif colonial » jusqu’aux années 1860. Néanmoins, cette interdiction est de moins en moins respectée dans les faits puisqu’il n’est pas rare de trouver la mention de la perte d’un bateau américain ou anglais. Bien que le naufrage ne soit qu’une chose exceptionnelle au regard de la fréquentation maritime globale, les autorités locales adoptent toute une série de mesures en vue de les limiter. Celles-ci font l’objet de rudes débats entre les gens de mer, le capitaine du port et le conseil du gouverneur. Ainsi, la décision d’un mouillage sûr durant la saison cyclonique est prise rapidement. Au XIXe siècle, de nouvelles études hydrographiques sont réalisées en vue d’améliorer la cartographie et/ou de corriger des fautes présentes sur les cartes anciennes. Les progrès technologiques de la marine sont un des facteurs diminuant le risque de perte d’un bâtiment. Le recours à l’utilisation de coque en fer rend les vaisseaux plus solides et plus prompts à reprendre la mer rapidement après un échouage. Enfin, les aménagements portuaires et côtiers, ainsi que le balisage des passes, sont une réponse à la plupart des menaces maritimes. Plusieurs corps-morts et ancres d’amarrage sont installés à Saint-Pierre en vue de sécuriser les navires pendant la saison de l’hivernage. Ces derniers sont cependant en nombre insuffisant face à une fréquentation toujours plus importante. À Fort-de-France, le port est grandement amélioré avec la création de quais et d’un Bassin de Radoub. Au XIXe siècle, la passe du Carénage à Fort-de-France est balisée par des bouées. Des feux sont érigés sur les côtes de la colonie. Les premiers sont ceux du Fort Saint-Louis (1828) et de la Pointe des Nègres (1855). L’atterrissage nocturne est sécurisé avec le phare de la Caravelle en 1862. D’autres sont édifiés à Saint-Pierre. Encore faut-il que toutes ces améliorations et constructions soient une réponse adéquate aux risques. Si certaines d’entre elles y répondent correctement d’autres ne constituent qu’une gabegie financière et ne servent que d’amers à la navigation comme c’est le cas pour le phare de la place Bertin. En conclusion, cette thèse a mis en évidence que le risque maritime à la Martinique est présent mais qu’il est minime. La sécurisation des côtes est progressive et se fait au fur et à mesure.
Fichier principal
Vignette du fichier
TheseRobyns.pdf (10.13 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-04007191 , version 1 (27-02-2023)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04007191 , version 1

Citer

Maxence Robyns. Une histoire du risque, du naufrage et de la sécurisation maritime dans les Petites Antilles au XIXe siècle : l’exemple de la Martinique. Histoire. Université des Antilles, 2022. Français. ⟨NNT : 2022ANTI0835⟩. ⟨tel-04007191⟩
131 Consultations
97 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More