Pendant longtemps, l’analyse de la production de la ville en Afrique est basée sur un regard exogène selon des modèles urbains théorisés et expérimentés dans les pays occidentaux, puis diffusés et appliqués par différents canaux dans les Suds, témoignant des relations historiques– par la fabrique de la ville coloniale – et présentes – dans le cadre de la fabrique des villes nouvelles. Après les indépendances, des chercheurs se sont penchés sur la redéfinition de la ville en Afrique avec sa complexité et sa pluralité selon les trajectoires géographiques et historiques, en proposant de nouvelles théories urbaines plus nuancées et ancrées dans les réalités locales et contextuelles. Dès lors, à la suite d’une monographie faite à Diamniadio – le terrain d’étude – l’enjeu principal de cette thèse s’articule autour de la reprise des bases de la démarche systémique, en se focalisant sur le sous-système des acteurs, des représentations,des lieux en jeu et à enjeu dans l’espace urbain avec des temporalités spécifiques, pour démontrer qu’il existe une ville réelle plutôt organique, spontanée sur un temps court qui provient des expériences, de l’articulation hybride des pratiques formelles et informelles, des savoirs et savoir-faire d’une diversité d’acteurs – principalement les populations – en même temps que la ville nouvelle planifiée et programmée sur le temps long.