À travers l’examen du parcours et des œuvres de Fernand Deligny entre les années quarante et soixante, ce travail questionne la manière dont la philosophie peut penser l’enfant, l’institution et l’écriture. Il est nécessaire de situer la position spécifique de Deligny dans un édifice institutionnel en construction, celui de l’enfance en marge. Cette cartographie permet d’éclairer les lignes de forces qui s’en dégagent et de mettre en évidence celles qui constituent l’armature de la pensée délinéenne. L’histoire des professions qui gravitent autour de cette enfance (juges, psychiatres, éducateurs, journalistes), des valeurs, des conceptions politiques et de la langue spécifique qui se développent, s’allient ou s’affrontent en son sein à cette époque passe par l’étude de figures caractéristiques (Joubrel, Danan, Wallon, Le Guillant) et de leurs moyens d’action (postes, revues et journaux, associations). En analysant idéologies, constitution des institutions, rapports entre pratiques et discours, on peut situer les « tentatives » et l’écriture de Deligny et les enjeux philosophiques qu’elles impliquent.