Les différences dans les manières de consommer et de se conformer aux injonctions au verdissement des modes de vie reproduisent-elles ou renouvellent-elles des mécanismes de stratification plus anciens ? Comment les inégalités affectent-elles les styles de consommation et l’observance d’une norme émergente d’écocitoyenneté ? À partir de l’exploitation d’enquêtes statistiques, d’entretiens et de données du web, cette thèse participe à renouveler l’analyse de la stratification sociale des styles de vie. En se focalisant sur la consommation ordinaire (alimentation, énergie, déplacements, équipement, habillement), elle analyse la manière dont les pratiques de consommation se sont renouvelées ou pérennisées depuis 30 ans en lien avec l’essor des préoccupations environnementales en France. Elle montre que les nouvelles significations éthiques liées à la consommation ne remettent pas en cause les clivages qui structurent les styles de consommation ordinaire des ménages depuis les années 1980. Ceux-ci restent parcourus d’oppositions stables, qui traduisent les positions inégales occupées dans l’espace social et résidentiel. Les inégalités dans les styles de vie dépendent d’abord de conditions matérielles d’existence inégales, secondairement de dispositions acquises lors de la socialisation, et seulement marginalement du souci de conformité à la norme d’écocitoyenneté. Les nouveaux registres de distinction sociale autour de l’écologie doivent composer avec des formes rigides d’inégalités dans les styles de vie, qui font des ménages socialement exclus les champions de la frugalité et des agriculteurs et de leurs enfants les principaux tenants d’une consommation ancrée localement.