Inscrite en sciences de l’éducation et de la formation, cette thèse de doctorat s’intéresse aux visées émancipatrices poursuivies par certains dispositifs de formation professionnelle. Plus précisément, elle étudie en quoi un dispositif de formation peut, dans certaines conditions, s’affranchir des logiques d’employabilité, de normativité et de développement des compétences afin de permettre aux apprenants de se (re)saisir de leur projet existentiel. Aussi, la recherche menée cherche à comprendre en quoi le recours aux œuvres en formation peut permettre aux apprenants : 1) de prendre conscience de leur système de pensée dominant, 2) de se construire en tant que sujet, 3) de s’autoriser à envisager de nouveaux possibles. L’un des enjeux méthodologiques de cette recherche a donc consisté à opérationnaliser une grille d’objectivation des postures d’apprentissage qui peuvent être désignées d’émancipatrices. L’enquête a été menée chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France, association qui propose une formation aux métiers de l’artisanat alliant savoir-faire et savoir-être, technique et culture, tradition et innovation. Les observations participantes ainsi que les entretiens compréhensifs réalisés ont permis d’identifier que le rapport que les formateurs entretiennent avec les œuvres, leur mode de relation aux autres, la pédagogie et l’accompagnement qu’ils proposent permettent aux apprenants d’adopter des postures d’apprentissage émancipatrices et les inscrit dans un triple processus émancipateur de conscientisation, subjectivation, subjonctivation. Traversés par des logiques interpersonnelles et intrapersonnelles, les Aspirants Compagnons vivent un moment expérientiel propice à leur transformation. Ainsi, au-delà de confirmer la potentialité émancipatrice du « faire-œuvre » au sein de ce dispositif de formation cette thèse en propose une modélisation.