From Novempopulania to Wasconia, between late Antiquity and Early Middle Ages
De la Novempopulanie à la Wasconie entre Antiquité Tardive et haut Moyen-Age
Résumé
The aim of this thesis is to study the transformations of southern Aquitania from Roman Novempopulana to Frankish Wasconia, between the 4th and 6th centuries. We seek to critically analyze the textual sources and certain previous historiographical constructions, sometimes a little hasty. In the 4th century, this territory was a peripheral province undergoing changes at every level. As elsewhere, it does not appear that ethnicity played a major role in its administrative reorganization, despite the possible late maintenance of a federal concilium. The Aquitano-Roman elite has played a structuring role, particularly in the countryside, where the embellishment of wealthy villae seems to indicate a reorganization in favour of the powerful. Perhaps, the same restructuring applies to towns, which were often reorganized voluntarily, with some fine urban domus (Lescar, Oloron). Moreover, southern Aquitania's defence seems to have been based on the towns' fortifications. As for the society's christianisation, it seems to have been relatively late. Even though it was not until the beginning of the 5th century that polytheism had quite begun to fade, the success of vigilantism and priscillianism has demonstrated the theological dynamism of christianity. While the arrival of the barbarians in 406-407 was probably not the apocalypse described by the clerics, it has led undoubtedly to higher levels of insecurity. The imposition of a new barbarian power (413/418-507) has also led to upheavals, despite elements of continuity. From 413, it seems that some members of the Aquitanian aristocracy, such as Paulinus of Pella, had sided with the Goths. In 418 or 419, Novempopulana was probably occupied, without validating the idea of a ‘Visigoth homeland'. In Novempopulana, as in the rest of the sors Gothica, while the romanization of the rulers was undeniable, the Visigoth people probably retained certain ethnic characteristics. For all that, Novempopulana must have been an in-between period during which, new and old elites had coexisted. A major part of the latter was undoubtedly impoverished. The staging of social domination also tended to change, abandoning elements of the prestige and comfort of the old villae from the 450's onwards, while investing in funerary epigraphy, perhaps in a context where the old social hierarchies had been blurred. From 418, it is possible that the Visigoth kings generally took over the imperial structures in their service, but the territorialization of their power was probably gradual. Despite Gregory of Tours, the Frankish victory of 507 seems to have been due more to external military and diplomatic factors than to internal opposition.Under the Merovingians, the level of Frankish control over southern Aquitania is difficult to assess. There are still few clues. Neither participation in Merovingian councils nor monetary issues allow us to settle whether control was tight or looser. However, it seems that this territory was politically fragmented. Despite the abandonment of many of the villae, a certain "continuity of occupation" remains apparent on some sites. Maybe, "valley communities" were beginning to emerge in the mountains. In 585-587, it is in Gregory of Tours's works that we discover signs of the empowerment of local elites in connection with former Frankish dukes and Visigoth Spain. Indeed, the toponym Wasconia was used to designate southern Aquitaine since the loss of Bladaste's army in 581 and Gundovald's retreat in 585; which gave rise to the first Franco-Aquitanian revolt. As for the Wascon raid of 587, we believe that it was another revolt lead by local elites, linked to senior Frankish officials as well as Queen Fredegund and the Visigoth King Leovigild.
L'objectif de cette thèse est d'étudier les transformations de l'espace aquitain sub-garonnique de la Novempopulanie romaine à la Wasconia franque, entre IVe et VIe siècle. Nous cherchons à analyser, de manière critique, les sources textuelles et certaines constructions historiographiques antérieures, parfois un peu hâtives. Au IVe siècle, ce territoire est une province périphérique en mutation à tous les niveaux. Comme ailleurs, il ne semble pas que l'ethnicité ait joué un grand rôle dans sa réorganisation administrative malgré le possible maintien tardif d'un concilium fédéral. L'élite aquitano-romaine joue un rôle structurant, notamment dans les campagnes où l'embellissement de riches villae paraît indiquer une recomposition au profit des puissants. Il en est peut-être de même dans les villes, souvent réorganisées de manière volontariste, avec quelques belles domus urbaines (Lescar, Oloron). C'est sur les fortifications des villes que semble reposer la mise en défense de l'Aquitaine méridionale au tournant du IVe et du Ve siècle. Quant à la christianisation de la société, elle paraît avoir été assez tardive. Bien qu'il faille attendre le début du Ve siècle pour que le polythéisme s'efface assez nettement, les succès du vigilantisme et du priscillianisme y montrent le dynamisme théologique du christianisme. Si l'arrivée des barbares, en 406-407, n'est probablement pas l'apocalypse décrite par les clercs, elle s'est sans doute traduite par une augmentation de l'insécurité. L'imposition d'un nouveau pouvoir barbare (413/418-507) entraîne également des nouveaux bouleversements malgré des éléments de continuité. Il semble que, dès 413, une partie de l'aristocratie aquitaine se rallie aux Goths. En 418 ou 419, la Novempopulanie est vraisemblablement occupée, sans pour autant que l'on puisse valider l'idée d'une « patrie wisigothique ». En Aquitaine méridionale, comme dans le reste de la sors Gothica, si la romanisation des souverains est indéniable, les Wisigoths ont sans doute gardé certaines caractéristiques ethniques. Pour autant, la Novempopulanie a dû relever d'un entre-deux faisant cohabiter nouvelles et anciennes élites. Ces dernières étaient sans doute pour partie appauvries. Concernant la mise en scène de la domination sociale, elle tend aussi à changer, en abandonnant, à partir des années 450, des éléments de prestige et de confort des anciennes villae tout en investissant dans l'épigraphie funéraire, peut-être dans un contexte de brouillage des anciennes hiérarchies sociales. Les rois wisigoths ont globalement repris les structures impériales à leur service, peut-être dès 418, mais la centralisation de leur pouvoir fut probablement progressive. Malgré Grégoire de Tours, la victoire franque de 507 semble relever davantage de facteurs militaires et diplomatiques extérieurs que d'oppositions internes. Sous les Mérovingiens, le niveau du contrôle franc sur l'Aquitaine sub-garonnique est difficilement évaluable. Les indices restent peu nombreux. Ni la participation aux conciles mérovingiens ni les émissions monétaires ne permettent de trancher entre un contrôle étroit ou plus lâche. Il semble cependant que ce territoire se fragmente politiquement. Malgré l'abandon de beaucoup de villae, une certaine « continuité d'occupation » apparaît sur certains sites. En montagne, des « communautés de vallées » commencent peut-être à se mettre en place. C'est surtout dans l'œuvre de Grégoire de Tours que transparaissent des indices d'autonomisation des élites locales en lien avec d'ex-ducs francs et l'Espagne wisigothique, en 585-587. En effet, le toponyme Wasconia désigne l'Aquitaine sub-garonnique dès la perte de l'armée de Bladaste, en 581, et la retraite de Gondovald, en 585, est l'occasion d'une première révolte franco-aquitaine. Quant au raid wascon de 587, nous privilégions une nouvelle révolte des élites locales, en lien avec de haut-fonctionnaires francs ainsi que la reine Frédégonde et le roi wisigoth Léovigild.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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