L’objectif de ces travaux est de s’interroger sur les repères, ou balises, curriculaires nécessaires et pertinentes en vue d’une « éducation à » une économie soutenable dans le contexte scolaire. Cette éducation viserait ainsi à former les jeunes générations à penser de manière critique, pensée étayée par la connaissance de l’histoire des théories économiques depuis l’Antiquité jusqu’au monde contemporain. Pensée également étayée par la connaissance des approches contemporaines, concurrentes et controversées, des sciences économiques, leur permettant ainsi de rechercher des solutions innovantes et alternatives, tout en prenant des décisions éclairées en matière d'environnement, de justice sociale et de gouvernance dans leur parcours d’apprentissage. Le but de l’étude est d’analyser d’un point de vue curriculaire diachronique les sciences économiques et sociales (S.E.S.) prescrites en France, pour le niveau de terminale – spécialité et ce, pour les trois dernières réformes des programmes effectuées en vingt ans. Il s’agit ainsi de mettre à jour le « caché » de ces réformes successives et de proposer des balises pour un curriculum possible et pertinent au temps de l’anthropocène. Qu’en est-il alors de l'éducation à une économie soutenable développée dans les curricula d’enseignement des programmes français ? Quelles en seraient les balises curriculaires qui permettraient de développer une formation pertinente car adaptée aux enseignants et aux territoires ? Nous procédons en premier lieu à une recherche documentaire sur les trois dernières réformes, au moyen d’une analyse comparative de contenu des programmes des S.E.S. de terminale (spécialité), puis des manuels scolaires, sous le prisme des trois principaux éditeurs français. À cet effet, nous portons un intérêt particulier sur l’intégration de la notion de « changement climatique » dans cette étude des curricula, au moyen de leur analyse épistémologique et lexicographique. Nous nous questionnons ainsi sur le « caché » de ces réformes successives dans cette discipline, au travers de la manière dont sont rédigées chacune de ces prescriptions et par la recherche des influences. Les résultats démontrent une série de ruptures dans les orientations des programmes S.E.S. ces vingt dernières années. En effet, sous l’influence d’instituts ou de groupes de réflexion aux intérêts, doctrines et buts idéologiques divers, et souvent peu transparents, une part de curriculum caché infuse fortement les axes programmatiques des politiques éducatives. La notion de « changement climatique » est plus particulièrement examinée dans les programmes scolaires S.E.S. et dans les manuels du secondaire en tant que niveau fondamental pour la formation des écocitoyen.nes. Si le constat d’un intérêt croissant des programmes et des éditeurs pédagogiques pour cette question est fait, il apparaît également que la notion et ses enjeux économiques ne sont pas encore développés à la hauteur de l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés. Ainsi, des propositions curriculaires sont effectuées dans une perspective d’amélioration.