Cette thèse est formée de trois essais empiriques sur les politiques de réduction de la pauvreté pour les ménages agricoles dans le Sahel. Le chapitre 1 étudie l’effet des distributions de prix idiosyncratiques auxquelles sont confrontés les ménages sur les estimations de la pauvreté en utilisant un ensemble de données unique au Niger dans lequel les ménages agro-pastoraux fournissent les prix minimum et maximum observés pour chaque saison. L’estimation de mesures de pauvreté basées alternativement sur ces données de prix distinctes, avec plusieurs méthodologies de calcul de seuils de pauvreté absolue, permet d’obtenir la plage potentielle de variation de la pauvreté générée par les distributions de prix idiosyncratiques. Les résultats montrent que l’utilisation des prix minimum et maximum génère des écarts dans l’estimation de la pauvreté pour ces ménages qui dépassent les disparités régionales de pauvreté. Cela implique que les priorités de ciblage régional dans les politiques de réduction de la pauvreté seraient inversées si ces prix alternatifs sont utilisés. Le chapitre 2 propose une approche pour prédire la résilience des ménages. Cette approche combine un modèle de mélange gaussien et un réseau neuronal pour prédire la fonction de densité de probabilité du bien-être conditionnel spécifique à chaque ménage. Son score de résilience prédit peut être calculé comme une probabilité de rester au-dessus d’un seuil pré-spécifié. Nous évaluons l’approche proposée sur des données de ménages du Nigeria et la comparons à une approche de moment conditionnel communément utilisée dans la littérature sur la résilience. Les résultats mettent en lumière le potentiel de notre approche pour prédire avec plus de précision la résilience des ménages. Les résultats montrent également que, ne pas prédire correctement la fonction de densité de probabilité peut conduire à une surestimation du score de résilience prédit, ce qui a des implications sur la quantification de la prévalence de la résilience dans une population et de la quantité d’efforts nécessaires pour renforcer la résilience. Le chapitre 3 étudie les mécanismes qui sous-tendent l’effet des politiques agricoles sur l’apport alimentaire des ménages pastoraux en utilisant une analyse de médiation statistique. Sur la base des données d’une enquête agropastorale menée au Niger, on constate que les effets des services de vulgarisation associés à un meilleur accès aux marchés opèrent principalement par le biais du profit pastoral du ménage. Cela n’est pas le cas des services vétérinaires privés et des programmes d’alimentation du bétail à faible coût. En outre, les services de vulgarisation pour l’élevage peuvent favoriser la spécialisation des ménages agropastoraux dans l’élevage de bovins et d’ovins, les incitant à s’orienter vers la transhumance pastorale et limitant leur accès aux céréales. Ces services peuvent donc nuire à leur apport calorique total.