Cette thèse s’inscrit dans le cadre théorique de l’économie de l’information. Elle étudie le rôle des experts sur le marché du vin. Pour ce faire, elle mobilise différentes méthodes permettant d’évaluer (1) l'impact des experts sur les mécanismes du marché, (2) le contenu informatif deleurs notes pour les consommateurs, ainsi que (3) leur impact sur le prix du vin. Elle est constituée de quatre chapitres, chacun d’entre eux étudie un aspect du rôle des experts, en interaction avec d’autres indices de qualité. L’introduction replace la problématique globale dans le contexte de l’économie de l’information. Elle détaille notamment les inefficiences informationnelles sur le marché du vin (asymétrie informationnelle, surcharge d’information et de choix, complexité) et l’incertitude qui en découle pour les consommateurs. Elle mobilise le contexte historique (naissance dessciences sensorielles, standardisation de la qualité du vin) pour retracer l’émergence des notations d’experts, et plus récemment des notations par les pairs. Une revue intégrée de la littérature souligne l'importance de l'intermédiation évaluative pour pallier les inefficacités informationnelles du marché du vin. Elle suggère l'existence d’un marché de l’information biface. Les experts aussi bien que des agrégateurs de notes de pairs (ex. Vivino) sont dépendants de la filière, sans laquelle leur modèle économique ne serait pas viable. Les producteurs de contenu pur tels que le Wine Advocate, qui utilisent des structures uniface (les abonnements sont leur seule source de revenus) sont susceptibles d'être désavantagés par la concurrence avec les structures bifaces opérant sur le marché. La revue de la littérature laisse entrevoir un probable déclin, et non une disparition, des experts. Dans le second chapitre, nous présentons les résultats d’expériences en laboratoire menées parallèlement en France et en Espagne. Nous testons et comparons le contenu informatif ex ante des notes d'experts, des marques et des indications géographiques pour les consommateurs. Dans les deux pays, la volonté à payer des consommateurs est plus élevée pour les avis d’experts que pour les autres indices de qualité. Nos résultats suggèrent que les avis d'experts, les indications géographiques et les marques ne sont que des substituts imparfaits et qu'ils peuvent s'adresser à des populations de consommateurs différentes. Dans le troisième chapitre, afin d’évaluer l’impact des experts sur le prix des vins nous appliquons la méthode des prix hédoniques à 36,970 vins rouges français. Nous comparons cet impact à celui de la communauté Vivino. Les évaluations moyennes agrégées des prosommateurs (consommateurs producteurs de contenu) ont un effet plus important sur le prix des vins étudiés que les évaluations des experts. Ces résultats sont robustes aux valeurs atypiques. La prédominance des notes de pairs sur les notes d’experts demeure valide lorsque nous excluons les vins haut de gamme. Le dernier chapitre présente les résultats d'une expérience en ligne menée pendant la crise sanitaire, dans le cadre de restrictions sévères limitant la possibilité de mener des expériences in situ. Nous avons développé un protocole d’expérience sans contact et envoyé des échantillons au domicile des 300 participants. La volonté à payer, compatible avec les incitations, a été révélée en même temps que plusieurs mesures de la qualité perçue, de l'appréciation et d'autres mesures subjectives d'évaluation du vin, y compris la lecture des émotions via webcam. D'un point de vue méthodologique, l'application d'un éventail aussi large de tests pose le problème de l'attrition de l'échantillon de participants. Nous montrons que seul un sous-ensemble réduit de variables est nécessaire pour aider à la fixation des prix et à la prise de décisions basées sur la volonté à payer des consommateurs de vin.