Le présent travail apporte des éléments d'explication à la genèse, l'évolution des reliefs bordiers de l'Atlantique sud central, en Angola et au Brésil. Dans ce but, il retrouve les étapes majeures de l'évolution morphologique pour les trois grands ensembles, en dresse un tableau synoptique, ce qui permet de formuler les conclusions suivantes : 1 -Les reliefs ont évolué à terre et en mer de façon totalement synchrone au cours du Crétacé, partiellement au cours du Tertiaire, où seuls les deux bourrelets connaissent les mêmes temps forts. 2 -Les bourrelets marginaux ont été soulevés rythmiquement, au Néocomien-Aptien, Turono-Sénonien, Oligocène, Pleistocène-Holocène. Les soulèvements furent inégaux, créant des ensellements et des surélévations. 3 -L'étagement de surfaces d'aplanissement, réalisé partout bien que de manière inégale, résulte tant de ce soulèvement rythmique que d'une évolution des formes sous climat à tendance fondamentale semi-aride, façonnant des pédiplaines. Les évolutions morphologiques sont, de fait, interprétables en terme de bilan. 4 -Les bourrelets sont restés marqués dans le relief depuis le Crétacé inférieur avec certitude, s6it, depuis l'ouverture certaine de l'Atlantique sud central. La permanence topographique, le synchronisme d'évolution appellent des éléments d'explication à valeur générale; les ensellements et surélévations, la diversification morphologique exigent des éclaircissements d'ordre local, régional. -La permanence topographique résulte: d'héritages thermiques, de la juxtaposition de lithosphère océanique et continentale. ~ L'héritage thermique est double celui de l'événement tectono-thermique fini-précambrien, celui lié à la fission du continent gondwanien, crétacé inférieur. La lithosphère continentale formant les bourrelets fut thermiquement déstabilisée, échauffée, contrairement à celle de l'intérieur des continents, plus dense. Les bourrelets localisent le contact entre lithosphères océanique et continentale. Or, la première se refroidit et fait subsidence, tandis que l'on parle d'inertie thermique pour la seconde. Il en résulte une distorsion marquée par une forte flexuration. Le synchronisme d'évolution fait intervenir les mécanismes compensatoires liés aux différences de pression lithostatique, et les héritages thermiques. Les différences sont provoquées sur le bourrelet même par juxtaposition des deux types de lithosphère, d'où compensation par reptation de matière partiellement fondue de l'océan vers le continent au-delà d'une profondeur minima estimée à 40 km. Les failles en extension, résul tant de *différences de pression à profondeur moindre facilitent la montée du matériel et expliquent l'abondance des dykes échauffant la croûte continentale, l'allégeant, provoquant un soulèvement isostatique. * Les poussées de dorsale crées par la différence de relief entre une dorsale et des bassins océaniques, variable en fonction des rythmes d'accrétion, accentuent la reptation de matière sous la marge continentale en ajoutant une composante horizontale supplémentaire non constante au bilan des contraintes. De fait, les périodes de mise en place des dykes au Crétacé sont aussi celles des modifications dans les rythmes d'expansion. ~ Au Tertiaire cependant, le soulèvement synchrone pourrait être expliqué par le décalage entre l'échauffement à la base de la croûte lors des événements crétacés, et le transfert de l'énergie thermique par conduction. -Les ensellements et surélévations sont redevables aux accidents transmarges et tout particulièrement au passage des plaques lithosphériques sur des points chauds. La répartition des traces laissées explique leur alternance très nette en Afrique, alors qu'elle se dégage plus mal au Brésil. Les serras sudestaines doivent leur soulèvement exceptionnel au passage de la plaque sur plusieurs points chauds, lesquels rendent compte d'un relief sous-marin bien plus varié au Brésil qu'en Angola. -La diversification morphologique des bourrelets résulte également d'une composition lithologique variable du socle précambrien: les cratons, non affectés par le dernier événement précambrien, se marquent par des formes moins ordonnées en rapport avec une forte hétérogénéité lithologique. De fait, les bourrelets marginaux étudiés apparaissent avant tout comme des reliefs pour lesquels la notion d'héritage thermique est essentielle. Elle se trouve dans les deux éléments fondamentaux qui en rendent compte : juxtaposi-tion des lithosphères, effets des points chauds.