Les objets connectés ont investi notre vie quotidienne, modifiant en profondeur nos usages et pratiques, notamment en matière de relations et de communication interpersonnelle et sociale. Dans cette recherche doctorale, l’objectif a été d’analyser de quelles manières les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont en quelque sorte « reconfiguré » le modèle conjugal traditionnel. En effet, plus que de simples objets techniques, les TIC sont des objets communicationnels, et même « transitionnels », objets de stratégies et d’enjeux dans le couple et la famille. Ces technologies, de plus en plus nomades, questionnent le couple dans ses fondements. Tout d’abord, le phénomène d’hyperconnectivité (ou « connectivité continue ») installe entre les individus un continuum communicationnel qui engendre un regain de la communication conjugale, en particulier via la communication écrite électronique. De plus, les Nouveaux Objets Communicants Connectés (NOCC), par leur caractère chronophage et individuel, ont des conséquences sur la gestion des espaces et des temps au sein et en dehors du foyer. Cette porosité grandissante des frontières entre les différentes sphères de la vie quotidienne interroge en profondeur les territoires de l’intime. Ainsi, il semble qu’un nouveau type de relation fondée sur la « présence connectée » et le « poly-engagement synchronique » apparaisse. Ce bouleversement processuel soulève alors la question suivante : les TIC sont-ils vecteurs d’individualisation ou de renforcement du couple ? C’est grâce à une enquête qualitative menée auprès de personnes vivant en couple que nous avons essayé de répondre à cette question. C’est ainsi que notre recherche, problématisée dans une perspective communicationnelle, s’inscrit dans une approche goffmanienne et sensible donnant une grande place aux témoignages d’enquêté-e-s. Elle s’inscrit plus largement dans le cadre de la sociologie des usages.