La ville du XVIe siècle constitue un terreau favorable à la propagation d’informations en tous genres. Portées par des marchands ou des particuliers, ces nouvelles sont primordiales pour connaître la situation de régions éloignées, mais peuvent aussi se révéler dangereuses lorsque leur contenu n’est pas assuré. Les pouvoirs urbains ont donc cherché à encadrer les informations pour en faire un outil de bon gouvernement. Dans une société où l’information est perçue comme une marque de pouvoir pour agir sur le réel, les autorités des villes ont mis en oeuvre une méthodologie de gestion des nouvelles pour bâtir l’action politique grâce à l’émergence d’une administration de plus en plus spécialisée. Cette question de la maîtrise des nouvelles se pose avec d’autant plus d’urgence que la guerre civile remet en cause l’unité de la cité.En partant de la ville de Lyon, capitale économique et ville frontière du royaume de France, il s’agit d’analyser la place prise par l’information dans le gouvernement d’une ville soumise aux guerres de Religion. La correspondance et la documentation officielle des pouvoirs laïcs permet d’envisager toutes les étapes d’appropriation de la nouvelle, de la recherche du renseignement à l’élaboration d’un discours officiel destiné à être communiqué à d’autres pouvoirs ou à la population. Ces questionnements mettent en lumière des pratiques de codification de la bonne information qui doivent servir à construire la décision politique. La circulation des nouvelles encadrée par les pouvoirs urbains fait également apparaître de multiples réseaux élaborés avec le roi, la cour et de nombreuses villes proches et plus lointaines. Grâce aux systèmes de messageries de plus en plus institutionnalisés, les autorités lyonnaises ont bâti des espaces de communications destinés à protéger les intérêts de la cité, à réagir face aux troubles et aux rumeurs pour conserver le contrôle. Cette organisation a eu pour objectif d’affermir le pouvoir des élites et de justifier leur statut social.L’étude de l’information au XVIe siècle a pour effet d’intégrer les villes dans une trame beaucoup plus large que la seule histoire locale. Elle apporte également un tout autre regard sur les pratiques de gouvernement durant les guerres de Religion et, plus généralement, sur la société politique de la première modernité.