Cette recherche vise à questionner par une analyse sociologique les contours de la première sphère de reconnaissance telle que A. Honneth la conçoit. Il s'agit en cela d'appréhender les formes du rapport à l'autre vecteur de reconnaissance affective qui participent de la socialité la plus quotidienne. Ce travail s'appuie sur des analyses d'objets culturels audiovisuels (objets musicaux, séries télévisées et vlogs notamment). Il s'agit alors de mobiliser les approches micrologiques et sociocritiques afin de saisir au cœur de ces « textes » les significations sociales pouvant y apparaître, afin de procéder, dans le cadre d'une démarche reconstructive, à une analyse des critiques immanentes relatives à la reconnaissance affective. Outre un retour sur la Théorie critique, dans laquelle ce travail s'inscrit sans détour, il s'agit de travailler les concepts d'institution sociale, de vie quotidienne et de socialité afin de permettre de sociologiser les travaux honnethiens. Nos analyses nous permettent notamment de saisir la façon dont, même si diverses formes de consolation ou de transfiguration sont observées, de nombreux objets culturels donnent à voir des souffrances relatives au rapport à l'autre affectif, y compris parmi ceux qui sont pleinement intégrés dans l'industrie audiovisuelle. Les critiques sous-jacentes à ces discours nous permettent de souligner l'importance de questionner la vie quotidienne et les relations qui s'y tissent en termes d'abstraction des rapports sociaux. Nous proposons également une extension de la reconnaissance affective à des rapports intersubjectifs éphémères et questionnons la dimension normative de cette sphère de reconnaissance.