À l’image de la mosaïque culturelle que constituait le Tahuantinsuyu, le système économique mis en place par les Incas dans le courant du XVe siècle se caractérisait par sa complexité. Cette étude propose de plonger au cœur d’une mécanique dont l’essence même des rouages échappa souvent aux observateurs coloniaux. Les chroniqueurs du XVIe et du XVIIe siècle consignèrent cependant dans leurs œuvres respectives de précieuses informations. À l’aune de l’important volume de données archéologiques dont nous disposons désormais, elles doivent permettre d’appréhender la singularité d’une économie adaptée à la pensée andine. Cette approche croisée mène dans un premier temps à analyser les relations symétriques et asymétriques qui prévalaient au sein de l’empire. Celles-ci prenaient la forme d’échanges volontaires ou contraints de biens et de force de travail. Elles pouvaient dépasser le cadre géographique du territoire politique pour s’inscrire plus largement dans un espace s’apparentant à un véritable monde inca. Une fois définis ces fondements du système, il convient alors de considérer les domaines de l’alimentation et des flux matériels et humains. Ces deux piliers essentiels étaient en effet au cœur d’une stratégie impériale d’intégration des populations soumises par l’Inca reposant principalement sur l’économie. Au-delà de la compréhension des mécanismes relatifs à cette dernière, cette étude se veut un moyen d’approfondir la réflexion sur les raisons de l’élaboration par les Incas d’un tel système durant l’Horizon Tardif.