Temporal Autonomy and Its Uses : An Indicator of Social Inequalities in Time Allocation
L'autonomie temporelle et ses usages : un révélateur des inégalités sociales devant le temps
Résumé
Differences in how working people use their time depending on their social characteristics (namely, class and gender), are well documented. What remains unclear is how much autonomy they have to spend their time as they see fit, and how their autonomy might change their relationship to time. This work aims at redefining time autonomy in paid work as a multidimensional construct, and reintroducing it into time use analysis for the wage-earner population. Using both quantitative data from the French Time Use Survey and Working Conditions Surveys, and qualitative interviews, I look into how time autonomy shapes the way people spend their time, and the way they think about time. I define time autonomy as the range of freedoms workers get (or lack) in shaping their work time, and I identify eight types of temporal autonomy, from "'absolute' constraints" to "'absolute' autonomy", that reveal inequalities in terms of social class, gender and work context. These types of autonomy are associated with different paid and unpaid work schedules : more autonomous men are more likely to work and value long hours in paid work, and more autonomous women are more likely to dedicate more time to unpaid work. The gender-segregated nature of autonomous workers' schedules is in part explained by an anticipatory selection of (some) women in autonomous occupations. This selection is not available to everyone : workers who are more constrained in their daily schedules are also more likely to have had limited options throughout their life course, yet I find they are less likely to express any desire to change their situation in the present or in the future, as they attempt to "make autonomy of necessity".
De nombreux travaux rendent compte de différences dans la manière dont les individus utilisent leur temps en fonction de leurs caractéristiques sociales (notamment, leur classe sociale ou leur genre). L'autonomie dont ils disposent pour utiliser leur temps comme ils l'entendent, en revanche, est rarement prise en compte, et particulièrement pour la population salariée. Cette thèse vise à redéfinir l'autonomie temporelle dans le travail salarié comme une construction multidimensionnelle, et à la réintroduire dans l'analyse des emplois du temps et des rapports au temps de la population salariée, à partir de données quantitatives issues des enquêtes Emploi du temps et Conditions de travail, et d'entretiens qualitatifs. Quelles possibilités ont les individus salariés d'agencer leur temps quotidien ? Et selon ces possibilités, quels agencements opèrent-ils, et comment les perçoivent-ils ? Je définis l'autonomie temporelle comme l'ensemble des libertés dont disposent (ou non) les individus dans l'agencement de leur temps de travail, et j'identifie huit types d'autonomie temporelle, allant des "contraintes 'absolues'" à "l'autonomie 'absolue'", qui révèlent des inégalités de classe sociale, de genre, et de contexte organisationnel. Ces types d'autonomie sont associés à des articulations différentes entre temps de travail rémunéré et temps de travail domestique au quotidien : lorsqu'ils sont plus autonomes, les hommes sont d'autant plus susceptibles de réaliser et valoriser de longues journées de travail rémunéré, et les femmes de consacrer davantage de temps au travail domestique. La ségrégation genrée des emplois du temps des individus les plus autonomes reflète en partie une sélection des femmes dans des professions leur garantissant l'autonomie de "concilier" leurs obligations professionnelles et familiales. Cette sélection est néanmoins inaccessible à beaucoup d'individus salariés : les plus contraints dans leur quotidien sont également largement contraints dans leur parcours, mais ils n'expriment pas pour autant un désir de changer leur situation présente ou future, faisant "de nécessité autonomie".
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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