Écrire, décrire, saisir l'abdoubement chevaleresque : une histoire de l'hippotogène dans l'Europe du Nord-Ouest, le Midi de la France et l'Italie centro- septentrionale (v.1175-v.1300) - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2022

Writing, describing, understanding chivalric knighting : a history of hippotogenesis in Northwestern Europe, Southern France and Northern and Central Italy (c. 1175-c. 1300)

Écrire, décrire, saisir l'abdoubement chevaleresque : une histoire de l'hippotogène dans l'Europe du Nord-Ouest, le Midi de la France et l'Italie centro- septentrionale (v.1175-v.1300)

Résumé

The aim of this thesis is to explain what knighting was in France, England and central Italy between the last quarter of the twelfth century and the turn of the fourteenth century. If knighting can be described as the act of social magic by which a young man, generally from the lay aristocracy, was made knight by a lord who offered him equestrian weapons on this occasion, it seemed relevant to develop the concept of “hippotogenesis” to underline the sociological nature of this performative process. As the verbs in the title indicate (writing, describing, seizing), the thesis reaches the research objective in three complementary ways. First, it addresses the process of writing about the adoubement, and shows to what extent documentary logics were decisive in the way hippotogenesis appears in the documentation produced by medieval society. It then proposes descriptions of adoubement: On the one hand, the comparative approach reveals an uneven dynamic of the invention and adoption of hippotogenesis by aristocrats in the three studied spaces, which invites a rethinking of this aspect of the history of chivalry; on the other hand, the use of the notion of solemn performance and the historiographic critique of the thesis of the christianization of knighting opens the way to a thorough structural description of hippotogenesis. Finally, in the third part of the thesis, knighting is analyzed as an institutionalizing act (acte d’institution) that not only contributed to the advantageous distinction of knights from the clerics and the producers (peasants, merchants, artisans), but also to the reproduction of the social cohesion of lay aristocrats. The adoubement indeed contributed to the internal structuring of the lay aristocracy because it crystallized the generational domination of the lords over the young knights and squires by regulating access to power, because it was, along with marriage, one of the tools for constructing the superiority of a noble group then in search of fulfillment, and because it had as its primary function the creation of a relationship of closeliness, of caritas, of amor between two aristocrats. In this sense, it made society, because it produced social link, but a specifically aristocratic social link, founded by the graceful gift of extremely valuable and valued equestrian weapons.
L’objectif de cette thèse est d’expliquer ce qu’était l’adoubement chevaleresque en France, en Angleterre et dans l’Italie centro-septentrionale entre le dernier quart du XIIe siècle et le tournant du XIVe siècle. Si l’adoubement chevaleresque peut être décrit comme l’acte de magie sociale par lequel un jeune homme, généralement issu de l’aristocratie laïque, était fait chevalier de la main d’un seigneur qui lui offrait des armes équestres à cette occasion, il a semblé pertinent de développer le concept d’« hippotogenèse » pour souligner la nature sociologique de ce processus performatif. Comme l’indiquent les verbes du titre (écrire, décrire, saisir), la thèse répond à la question de trois manières complémentaires. Elle aborde d’abord les enjeux de l’écriture de l’adoubement, et montre à quel point les logiques documentaires sont déterminantes dans la manière dont apparaît l’hippotogenèse dans la documentation produite par la société médiévale. Elle propose ensuite des descriptions de l’adoubement : d’une part, l’approche comparative révèle une dynamique inégale de l’invention et de l’adoption de l’hippotogenèse par les aristocrates des trois espaces étudiés, ce qui invite à une remise en question de ce pan de l’histoire de la chevalerie; d’autre part, la mise en avant de la notion de performance solennelle et la critique historiographique de la thèse de la christianisation de l’adoubement ouvre la voie à une description structurelle approfondie de l’hippotogenèse. Enfin, dans la troisième partie, l’adoubement chevaleresque est analysé comme un acte d’institution qui contribuait non seulement à distinguer avantageusement les chevaliers des ecclésiastiques et des dominés, mais aussi à assurer la reproduction de la cohésion sociale des aristocrates laïques. L’adoubement chevaleresque concourait en effet à la structuration interne de l’aristocratie laïque parce qu’il cristallisait la domination générationnelle des seniors sur les juvenes en régulant de l’accès au pouvoir, parce qu’il était avec le mariage l’un des outils de construction de la supériorité d’un groupe nobiliaire alors en quête de réalisation, et parce qu’il avait comme fonction première de fabriquer un rapport de prochaineté, de caritas, d’amor entre deux aristocrates. En ce sens, il faisait société, parce qu’il fabriquait du lien social, mais un lien social spécifiquement aristocratique, parce que fondé par le don gracieux d’armes équestres extrêmement valorisées.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-04017603 , version 1 (07-03-2023)

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  • HAL Id : tel-04017603 , version 1

Citer

Arnaud Montreuil. Écrire, décrire, saisir l'abdoubement chevaleresque : une histoire de l'hippotogène dans l'Europe du Nord-Ouest, le Midi de la France et l'Italie centro- septentrionale (v.1175-v.1300). Histoire. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I; Université d'Ottawa, 2022. Français. ⟨NNT : 2022PA01H115⟩. ⟨tel-04017603⟩
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