Cette thèse propose d'appréhender le vaste domaine de la radicalisation à travers une approche psychanalytique groupale, qui représente un prisme peu emprunté jusqu'ici pour étudier cette population. Le fanatisme est défini comme l'investissement inconditionnel d'une idéologie suprémaciste, c'est-à-dire qui postule la supériorité d'un groupe humain sur les autres et légitime ainsi ses aspirations hégémoniques. Bien que le fanatisme puisse prendre d'autres formes que celle de la religion, le fanatisme étudié ici est le fanatisme islamiste. Ayant bien à l'esprit qu'il existe d'autres variables agissantes, ma recherche se focalise sur ce qui, au niveau du fonctionnement familial, peut éclairer la réceptivité des adolescents aux différents discours fanatiques islamistes. L'hypothèse générale de cette recherche postule que l'engagement fanatique islamiste est une solution psychique lorsque l'appareil psychique individuel et l'appareil psychique familial ne sont pas suffisamment en mesure de transformer l'expérience vécue. Sont ainsi questionnées les fonctions psychiques endossées par l'engagement de l'adolescent au regard de son fonctionnement psychique individuel et familial. L'échantillon est composé de familles dont un adolescent s'est engagé dans le fanatisme islamiste, lorsque celui-ci se décale des positions parentales manifestes. L'accent mis sur le processus à l'oeuvre amène à se décaler de l'existence ou non d'un passage à l'acte, élargissant l'échantillon au-delà du salafisme djihadiste, en incluant le salafisme quiétiste. Les familles ont été rencontrées sur trois terrains différents, travaillant tous étroitement avec la famille et le jeune. Cette thèse propose également un dispositif clinique groupal d'intervention auprès de ces jeunes et leur famille.