Teaching yoga, from traditional Orient to contemporary West : the dynamics of in-betweens and in-visible transformations. Put to the test through an extended diary of a researcher-teacher of yoga.
L'enseignement du yoga, de l'Orient traditionnel à l'Occident contemporain : dynamiques d'entre-deux et transformations in-visibles.Mise à l'épreuve par le journal augmenté du chercheur-enseignant de yoga.
Résumé
The unprecedented spread of yoga practice today, reflecting a certain lack of postmodern societies in crisis, raises a number of questions for us as researchers and teachers. We see the field of knowledge currently under construction, from the historical perspective of a practice with original roots in the East, in its modern form(s), as the fruit of a co-construction or even a certain hybridization with the traditions and practices of the contemporary West. In view of the transformations that yoga is undergoing, reflected in and for a globalized world, forms of cultural reappropriation, decontextualization, instrumentalization and various abuses, ethical questioning of these processes seems necessary for the professionalization of teachers and trainers of the practice which figures now in official school programs.Our heuristic approach concerns the teaching of this practice, in a context where traditional forms of transmission doesn't suit to today's society, and where the knowledge to be passed on is both in-sayable and in-visible. By exploring etymological links, particularly in Indo-European languages, we follow these paths to weave our epistemological anchorage.So, while the Cartesian paradigm of body and mind as two distinct, hierarchical entities is being challenged (Damasio), sensible experience is being rehabilitated (Vigarello), and new perspectives are opening up to address the complexity of these relationships. The understanding of the body as the originary structure of perception and the construction of our relationship to the world (Merleau-Ponty), and the theory of cognition as a relational process enacted through embodied interaction with the world and autopoiesis (Varela), enable a new reading of knowledge that takes place in the embodied experience. Finally, an open and opening redefinition of the body as "... the whole of the activity that nourishes our conscious life, while exceeding it on all sides" (Billeter) allows us to integrate and update the experience of Eastern philosophies.In this way, transdisciplinarity in constructing our theoretical framework becomes an entry point for a heuristic path recognizing the complexity of these multiple processes, including disintegration, transformation and regeneration. Using a first-person methodology based on the extended diary of the yoga-teacher-researcher, we engage in research that becomes an event that becomes a test, when "Between a researcher and his research, there is no beginning, no end, but an operational closure" (Lerbet-Séréni). In an approach rooted in existential action research method, one of the aims of which is to deal with borderline situations of the existence (Barbier), the researcher's involvement opens the path to an exploration based on a singular experience related in a diary written in several stages constituting a ternary form. Following a content analysis, and the definition of categories by pairs of inside/outside, accompaniment/transmission, tradition/ treason, circularity/linearity, we were able to analyze the dynamics within these pairs of categories, and in particular the emergence of in-betweens. This analysis offers a spatio-temporal setting in motion of the different types of reading of the corpus. Beyond the verticality of a chronological reading, horizontality follows the columns of the etended diary, through transversality, making possible a hermeneutic reading in circularity. Coming through the experience of the limit, opening to new possibilities and revealing a dance of the in-between. Approach for teaching a yoga of the in-between then emerge.
La diffusion sans précédent que connaît la pratique du yoga de nos jours, traduisant un certain manque des sociétés postmodernes en crise, nous pose en tant que chercheur en sciences de l'éducation et enseignant devant un certain nombre de questions. Nous voyons le champ de connaissances actuellement en construction, à partir de la perspective historique de la pratique ayant des racines originelles ancrées en Orient, dans sa (ses) forme(s) moderne(s), comme fruit d'une co-construction voire une certaine hybridation avec les traditions et pratiques de l'Occident contemporain. Au vu des transformations que vit le yoga se traduisant pour et par un monde globalisé, des formes de réappropriation culturelles, la décontextualisation, l'instrumentalisation et diverses dérives, un questionnement éthique sur ces processus semble nécessaire pour la professionnalisation des enseignants et formateurs de la pratique inscrite notamment dans les programmes d'EPS.Notre démarche heuristique porte ainsi sur l'enseignement de cette pratique, dans un contexte où les formes traditionnelles de transmission, où le savoir à transmettre relève de l'in-dicible et de l'in-visible, ne sont pas adaptées à la société actuelle. En partant en exploration à travers des liens étymologiques identifiables notamment dans des langues indo-européennes, nous suivons ces tracés pour tisser à partir de là notre ancrage épistémologique.Ainsi, pendant que le paradigme cartésien du corps et de l'esprit en tant que deux entités bien distinctes et hiérarchisées se trouve contesté (Damasio), l'expérience sensible se trouve réhabilitée (Vigarello), et de nouvelles perspectives s'ouvrent pour aborder la complexité de ces rapports. La compréhension du corps en tant que structure originelle de la perception et constitution de notre rapport au monde (Merleau-Ponty), la théorie de la cognition en tant que processus relationnel énacté à travers l'interaction incorporée avec le monde et de l'autopoïese (Varela), permettent une nouvelle lecture d'une connaissance se faisant dans l'expérience de la corporéité. Enfin, la redéfinition du corps ouverte et ouvrante en tant qu'«… ensemble de l'activité qui nourrit notre vie consciente tout en l'excédant de toutes parts» (Billeter) permet l'intégration et une nouvelle réactualisation de l'expérience des philosophies de l'Orient. La transdisciplinarité pour construire notre cadrage théorique devient donc une voie d'entrée pour un cheminement heuristique reconnaissant la complexité de ces processus multiples, incluant la désintégration, la transformation et la régénération. Avec une méthodologie en première personne par journal augmenté du chercheur-enseignant de yoga, nous nous engageons dans la recherche devenant événement faisant épreuve, lorsque « Entre un chercheur et sa recherche, pas de début pas de fin, mais une clôture opérationnelle » (Lerbet-Séréni). Dans une démarche inscrite ainsi dans la recherche action existentielle, visant entre autre à appréhender les situations-limites (Barbier), l'implication du chercheur ouvre sur une exploration à partir d'une expérience singulière relatée dans un corpus rédigé en plusieurs étapes constituant une forme ternaire. Après une analyse de contenu, et la définition des catégories par couples dedans/dehors, accompagnement/transmission, tradition/trahison, circularité/linéarité, nous avons pu analyser la dynamique au sein de ces couples de catégories et notamment l'émergence des entre-deux. Cette analyse offre une mise en mouvement spatio-temporelle des différents types de lectures du corpus. Au-delà de la verticalité d'une lecture chronologique, l'horizontalité suit les colonnes du corpus augmenté, en passant par la transversalité, rendant possible une lecture herméneutique en circularité. Une telle approche se fait par l'expérience de la limite qui ouvre et laisse apparaître une danse de l'entre. Des perspectives pour un enseignement d'un yoga des entre-deux se dessinent alors.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
|---|