Le Bassin Argentin (>5000 m) abrite des structures océaniques uniques et de première importance pour la circulation mondiale. On se concentre dans cette thèse sur des éléments de circulation (ondes et courants) contraints par la topographie. A l’ouest, le talus continental Patagonien de pente et direction variables est parcouru par une grande variété d’ondes topographiques. En combinant les sorties d’une réanalyse océanique de haute résolution (GLORYS12), des données in-situ et satellitaires, nous avons mis en évidence deux familles d’ondes sub-inertielles, des ondes rapides et des ondes longues : Des ondes rapides se propageant le long de la rupture du plateau continental patagonien avec des vitesses de phase comprises entre 1 m/s et 7 m/s, des périodes allant de 5 à 130 jours et des longueurs d’ondes allant de 1200 à 12000 km. Leurs propriétés sont fonction de la stratification, de la pente du talus et de la largeur du plateau, de la latitude, et du courant moyen. Des ondes de haute fréquence avec des périodes comprises entre 5 et 40 jours sont souvent forcées localement par des fortes variations du vent zonal au sud de 47°S (Poli et al.,2020), tandis que des ondes de plus basse fréquence avec des périodes entre 40 et 130 jours se propagent du Pacifique équatorial à l'Atlantique tropical (22°S,Poli et al.,2022). L'oscillation de Madden-Julian (MJO) joue un rôle clé dans le forçage de ces ondes de basse fréquence de deux manières: (a) par une téléconnexion océanique impliquant des ondes de Kelvin équatoriales atteignant la côte ouest américaine et (b) par une téléconnexion atmosphérique renforçant les vents du sud dans le Pacifique sud-est. En outre, les vents locaux, qui ne sont pas nécessairement liés à la MJO, modulent et déclenchent des ondes de basse fréquence (de période entre 40 et 130 jours) à des endroits spécifiques, tels que la confluence Brésil-Malouines et le Passage de Drake. Toutes ces ondes ont un impact sur les courants de bord : pendant la phase positive des ondes, le courant près de la surface augmente 0,1 m/s. Ces ondes participent à l’apport de nutriments soutenant la forte production primaire sur la plateforme patagonienne. Des ondes plus lentes sont observées dans le cœur du courant des Malouines. Leur vitesse de phase est comprise entre 0.10 à 0.30 m/s, leur période autour de 20, 60 et 100 jours et leur longueur d'onde comprise entre 450 et 1200 km. Elles proviennent du passage de Drake et de l'escarpement des Malouines (Poli et al.,2020). Au centre du bassin, l’Anticyclone de Zapiola est situé au-dessus d’un dépôt sédimentaire et montre une intensité équivalente à celle des plus puissants courants océaniques (>100 Sv) avec des vitesses renforcées au fond, qui atteignent 0.1m/s. A l’aide de la réanalyse GLORYS12 nous avons construit une série temporelle de transport du Zapiola. Le transport atteint des valeurs extrêmes allant de -18 Sv à 250 Sv. Les extrema présentent une distribution saisonnière avec une majorité d'événements faibles en hiver austral. Lorsque l’anticyclone du Zapiola s’effondre, il devient plus perméable aux influences des eaux environnantes et les caractéristiques des eaux au centre du Zapiola sont modifiées. En particulier des tourbillons cycloniques provenant du front polaire pénètrent jusqu'au centre. Lors des événements forts, le rotationnel du vent est renforcé et l’énergie cinétique turbulente est augmentée autour de l’anticyclone La région autour de l’anticyclone du Zapiola présente une modulation multi annuelle avec des périodes de 4-5 ans (1993-1997,1998-2003 et 2004-2009) de faible (forte) salinité correspondant à un transport faible (fort). Au cours des 27 dernières années, le bassin Argentin voit ses eaux devenir plus chaudes et plus salées dans les 2000 m. Ces tendances sont concomitantes avec une augmentation d’énergie cinétique turbulente au sud du bassin probablement associé à la migration vers le sud du front subtropical (Poli et al., 2023).