Comment se jouent les dynamiques sociales de l’accouchement au croisement du genre et de la biomédicalisation aussi bien dans l’expérience vécue que dans sa traduction publique ? Cette thèse apportera un éclairage sur cette question à partir des données empiriques constituées de quatre-vingt-huit entretiens de professionnel.les et d’usagères réalisés au sein de deux maternités hospitalières et de deux associations de parents et futurs parents ainsi que des observations dans les différents sites. L’accouchement fait l’objet d’une analyse tant au niveau de l’expérience individuelle des personnes que dans sa traduction publique. Pour ce faire, nous avons réalisé une généalogie socio-historique à partir d’une modélisation ternaire du corps et de son croisement avec les rapports sociaux de sexe et la biomédicalisation. Nous avons ainsi identifié trois postures chez l’ensemble des acteur.trices que nous avons qualifiées de conforme, citoyenne et cosmique. Ces postures individuelles informent la dynamique propre aux mouvements sociaux et réciproquement, qu’il s’agisse des mobilisations professionnelles des sages-femmes ou celles des usagères contre les violences obstétricales et gynécologiques. Nous avons repéré trois phases dans ces mouvements sociaux sexués : une colère de nature différentialiste, puis l’émergence de revendications de nature citoyenne à côté de cette expression genrée et enfin l’élaboration d’un récit public qui résiste simultanément aux inégalités femmes/hommes et à la biomédicalisation dans la scène reproductive. Cette dernière phase est ainsi marquée par des succès politiques nationaux et internationaux qui forment un jalon essentiel pour l’émancipation des femmes.