Entamée il y a une trentaine d’années, la transition numérique peine à tenir toutes ses promesses. Bien que l’utilisation des technologies du numérique offre de nombreux avantages, les effets escomptés sur la productivité et la croissance économiques ne se sont pas produits. De plus, les technologies du numérique peuvent avoir des retombées négatives, telles que des problèmes de protection de la vie privée, une augmentation des inégalités ou encore une dégradation de l’environnement. Cette thèse vise à étudier certains impacts de la transition numérique. La première partie s’intéresse aux impacts d’un point de vue macro-économique alors que la seconde partie considère l’aspect micro-économique pour mettre en avant l’hétérogénéité entre les individus.Le premier chapitre offre une revue de la littérature sur le paradoxe de Solow selon lequel les technologies du numérique seraient omniprésentes dans nos sociétés mais n'auraient qu'un impact limité sur la croissance économique. Après avoir défini les principales caractéristiques de la transition numérique, nous étudions ses similitudes et différences avec les deux premières révolutions industrielles. Puis, les différentes barrières entravant l'impact du numérique sur la croissance économique sont présentées. Enfin, l’hypothèse récente selon laquelle l’impact de la transition numérique ne porterait pas sur la croissance économique mais directement sur le bien-être des individus est développée. Les outils de mesure actuels ne seraient plus adaptés, notamment suite à la diffusion de nombreux services en ligne gratuits qui ne sont pas directement pris en compte dans le PIB. Le second chapitre propose une modélisation du secteur des services numériques gratuits dans un modèle de croissance. Pour se financer, les fournisseurs de services numériques collectent les données de leurs utilisateurs afin de vendre un service de publicité personnalisé. Ce modèle nous permet d'étudier les impacts de ce secteur sur les principaux agrégats macroéconomiques et le bien-être. Une attention particulière est accordée à l'importance des données et de l'attention des utilisateurs, à la sensibilité pour la vie privée et à la structure de marché du secteur numérique. Nous mettons en avant que les services numériques gratuits peuvent avoir un impact sur le bien-être et des implications économiques sur le secteur des biens finaux sans impacter la croissance économique. Le troisième chapitre cherche à identifier les déterminants de la fracture numérique en France. Pour ce faire, nous utilisons les méthodes de pseudo-panel et les enquêtes Technologies de l’Information et de la Communication de l’Insee. Nos résultats montrent des disparités dans l’accès et l’utilisation d’internet qui dépendent principalement de la génération des individus, leur niveau de revenu et de diplôme. Une fois qu’un individu a accès à internet et l’utilise, les disparités dans le type d’utilisation d’internet sont faibles. La lutte contre la fracture numérique doit donc se concentrer sur les individus qui n’ont pas accès à internet. La dernière partie de ce chapitre étudie les raisons derrière le non-accès à internet.L’objectif du quatrième chapitre est d’étudier l’impact distributif et l’efficacité d’une taxe environnementale sur les forfaits mobiles. Nous estimons un système de demande pour obtenir les élasticités prix de divers biens des ménages français à partir de l’enquête Budget des Familles de l’Insee de 2017. Cela nous permet de connaître et de simuler leur réaction face à une augmentation des prix des forfaits mobiles selon leur décile de revenu. Le calcul de la perte de bien-être suite à une taxe sur les forfaits mobiles montre que cette régulation est régressive et pourrait aggraver la fracture numérique. Dans une seconde partie, nous montrons théoriquement que l’efficacité de cette taxe dépend de la structure de l'offre des télécommunications.