L’étude des relations entre droit et théâtre s’articule, dans la lignée des Law and Literature studies, autour de trois axes : le droit du théâtre, le droit au théâtre et le droit comme théâtre. Les bouleversements juridiques et théâtraux de la Révolution française en font un objet d’étude privilégié pour saisir les intrications entre les deux domaines. Notre étude s’intéresse d’abord à la manière dont les textes théoriques des auteurs des Lumières ont servi de caution à la revendication, par les écrivains de théâtre, d’un droit de propriété sur leurs œuvres. Puis, l’étude des débats révolutionnaires et de la nouvelle législation dramatique permet de décrire les connivences entre auteurs et députés. Ces lois prévoient la présence de commissaires de police dans les théâtres. Les archives de police révèlent que le public fait du spectacle un sujet politique. Enfin, les archives de la justice de paix révèlent la responsabilité personnelle de l’entrepreneur de spectacle. Croisée à ces sources, une description synthétique des dramaturgies révolutionnaire montre qu’elles mettent en fiction la Révolution et l’amour de la loi. Nous étudions enfin deux pièces en détail. L’Ami des lois (1793) de Jean-Louis Laya met en scène les contradictions de l’idéologie révolutionnaire. Le Jugement dernier des rois (1793) de Sylvain Maréchal offre au public l’occasion de rire aux dépens les ennemis de la Révolution. L’histoire des relations entre droit et théâtre est faite de contraintes partagées et de transferts de techniques. Elle permet d’envisager la constitution des champs politiques et théâtraux dans leur interdépendance, en étudiant leurs effets communs de performance et de médiation.