“On the Other Side of the Border” : Sovereignty, Border Management and, Niger's Geopolitical Shift in the Face of Europe's Externalization of Migration Policies in the Sahara-Sahel Region.
« De l’autre côté de la frontière » : souveraineté, gestion des frontières et évolution de la géopolitique du Niger face à l'externalisation des politiques migratoires de l’Europe dans la région saharo-sahélienne
Résumé
This thesis seeks to explore the paradigm shift that has occurred in the management of migrations in Niger since 2015, moving from a laissez-faire approach to one that criminalizes the provision of services to migrants. More specifically, this dissertation seeks to understand the role that Europe has played in this shift, particularly through the dissemination of its norms, funding, and manpower.Several factors are at the root of this significant development: the destabilization of trans-Saharan migration systems following the fall of the Qaddafi regime in 2011, the deterioration of the security situation in the region, and, most importantly, Europe's handling of the "refugee crisis" of 2015. As the influx of refugees threatened to disrupt the Schengen area (Laine, 2017), the only consensus that seemed possible for European leaders was to externalize migration and border control responsibilities to countries outside the Union, such as Niger. Labelled as a transit country (Frowd, 2019) - a role that is not new (Brachet, 2007) - Niger then emerged in European eyes as a key country for externalizing its migration control and border management mechanisms (Boyer & Mounkaila, 2018).This central position in the European Union's strategy of externalizing border controls was endorsed at the Valletta Summit. The political and financial decisions taken there, in particular the EU Emergency Trust Fund for Africa (EUTF for Africa), designated Niger as its main beneficiary, endowing it with some 300 million euros. At the same time, as Niger emerged as a projection of European intentions and became an investment hub for its migration industry, an unprecedented rush of international actors, mainly European, descended on the country. As a result, Niger suddenly found itself crisscrossed by a wide range of international actors who were applying a route-based approach to migration management, in which all mobility is presumed to be Europe-bound and therefore to be stopped as such. It saw its borders transformed in both form and function, creating new geographical and political areas for border management (Frowd P. M., 2021).This thesis analyzes these transformations and their implications, by shifting the gaze and the methodology to the other side of the border in order to offer an alternative narrative of the internalization of this externalization and its consequences for Niger. To do so, it relies on a methodological approach that combines qualitative (observations, interviews, etc.) and quantitative methods (Social Network Analysis-SNA), as well as geospatial and geostatistical analysis techniques.
Cette thèse propose d’explorer le changement de paradigme qui s’est opéré dans la gestion des migrations au Niger depuis 2015, passant d’une approche de laisser-faire à une approche criminalisant les prestations de services aux migrants. Plus précisément, cette thèse cherche à comprendre le rôle joué par l’Europe, notamment à travers la diffusion de ses normes, de ses fonds et de ses personnes, dans ces évolutions.Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette évolution notable : la déstabilisation des systèmes migratoires transsahariens après la chute du régime de Kadhafi en 2011, la détérioration de la situation sécuritaire dans la région et, surtout, la gestion par l’Europe de la « crise des réfugiés » de 2015. Alors que l’afflux de réfugiés menaçait de disloquer l’espace Schengen (Laine, 2017), le seul consensus qui a paru possible aux dirigeants européens était d’externaliser leurs responsabilités en matière de contrôle des migrations et des frontières vers des pays en dehors de l’Union, comme le Niger. Labellisé pays de transit (Frowd, 2019), un rôle qui n’est pas nouveau (Brachet, 2007), il est alors apparu aux yeux de l’Europe comme un pays charnière dans l’externalisation de ses dispositifs de contrôle migratoire et de gestion des frontières (Boyer & Mounkaila, 2018).Cette position centrale dans la stratégie d’externalisation des contrôles aux frontières de l’Union européenne se confirme lors du sommet de La Valette. Les décisions politiques et financières qui y ont été prises, en particulier le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique (FFUA), ont désigné le Niger comme son principal bénéficiaire, en le dotant d’environ 300 millions d’euros. Simultanément, alors que le Niger émergeait comme projection des intentions européennes et devenait un lieu d’investissement pour son industrie migratoire, une ruée inédite d’acteurs internationaux, notamment européens, s’est déclenchée vers le pays. En conséquence, le Niger s’est soudainement retrouvé quadrillé par un large éventail d’acteurs internationaux déployant une approche de la gestion des migrations basée sur les routes, où toute mobilité est présumée être à destination de l’Europe, et doit donc être stoppée en tant que telle. Il a ainsi vu ses frontières transformées, tant dans leur forme que dans leur fonction, créant de nouveaux espaces géographiques et politiques pour la gestion des frontières (Frowd P. M., 2021).Cette thèse analyse ces transformations et leurs implications, en déplaçant le point de vue et la méthodologie de l’autre côté de la frontière, afin de proposer un récit alternatif de l’internalisation de cette externalisation et de ses implications pour le Niger. Pour ce faire, elle s’appuie sur une approche méthodologique combinant des approches qualitatives (observations, entretiens, etc.) et quantitatives (Social Network Analysis-SNA), ainsi que des méthodes d’analyse géospatiale et géostatistique.
Domaines
Géographie| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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