Cette thèse a pour ambition d’apporter une contribution à l’histoire et à la définition des programmes jeunesse en France, en l’inscrivant dans une perspective sémio-pragmatique. De façon complémentaire, elle tente de mettre en avant l’évolution des représentations sociales et médiatiques de la jeunesse à travers les outils mobilisés par les professionnels de l’audiovisuel pour « construire » le public. Ainsi elle vise, à partir de cette catégorie, à apporter un éclairage sur les mécanismes et les étapes de construction de la figure du public au sein des professions médiatiques. En décrivant les procédés mis en oeuvre dans la catégorisation et la définition de la jeunesse par les professionnels de la télévision, nous souhaitons montrer comment au sein de l’espace de communication télévisuel (Odin, 2011), l’adresse à un public particulier nécessite des références extérieures au média (par l’intermédiaire des enquêtes sur le public et des représentations sociales propres aux professionnels) afin de proposer une programmation et des émissions supposément adaptées et elles-mêmes à l’origine de représentations médiatiques particulières. Ce travail cherche ainsi à décrire les moyens par lesquels les professionnels de la télévision façonnent dans le même temps un public particulier, « le public jeune », et une offre de programmes, « les programmes jeunesse ». Afin de mettre en évidence l’articulation entre adresse et représentations, et les conceptions du public jeune qui en résultent, cette thèse présente successivement trois dispositifs participant à la construction du public : les modalités d’enquêtes sur le public et leurs usages ; la programmation et l’évolution de l’offre de programmes jeunesse ; les récits fictionnels mettant en scène cette période de la vie.