En croisant les disciplines, la thèse envisagée ici propose de comprendre de quelles manières avec quelle intensité les comportements humains et les liens sociaux ont pu être modifiés à l’échelle d’un département du centre de la France, par la pratique et/ou par l’écoute de la musique, entre 1870 et 1940. Ce travail est abordé selon quatre angles d’étude : d’abord, l’évolution géomusicale du territoire, par l’analyse des scènes musicales publiques et privées, extérieures et intérieures ; les pratiques musicales de groupe, ensuite, en particulier la sociabilité orphéonique et son rôle dans la cohésion de la société haut-viennoise ; puis les acteurs et les répertoires, de l’apprentissage de la musique jusqu’à sa réception, en passant par le processus de création et de composition ; et, enfin, l’observation des bouleversements socio-culturels que suscite l’introduction des modernités techniques et musicales dans la première moitié du XXe siècle. Ce dernier point est étudié notamment par la problématique de l’acculturation des musiques afro-américaines en Haute-Vienne, entre les deux guerres mondiales. À partir de cette étude se dessine une République des sons dans laquelle les clivages, générationnels et culturels au sens large, n’empêchent pas la construction d’une identité musicale locale face à l’uniformisation des pratiques.