"Faithful husband, frank soldier" : a history of masculinities in the French armies (years 1750-1798)
"Fidèle époux, franc militaire" : une histoire des masculinités dans les armées françaises (années 1750-1798)
Résumé
Under the monarchy, in the second half of the 18th century, the French army is not yet a place for the young French people to confirm their masculinity. Indeed, even though a militia was implemented under Louis XIV’s reign, only a minority has any military experience. The army is first and foremost the place where nobles, who occupy the ranks of officers, validate their honour, whereas the simple soldier suffers from a rather unfavourable reputation, which improves, however, during the second half of the 18th century. Though, by the end of the Old Regime, the outlines of a professional masculinity progressively materialise, only the French Revolution ensures an equal standing to all male citizens, notably in regards to access to higher ranks. As early as 1793, the first levee en masse, extends the military experience to a larger number of men depending on their age, until the 1798 Jourdan-Debrel law which establishes conscription. This thesis analyses the way in which the military institution participated in outlining a model of military masculinity associated to the figure of the male citizen. This model is shaped in opposition to the feminine, at a moment where, during the Revolution, women are actually excluded as much from the army as from any political rights. We will study this question in a first part, particularly by questioning the soldier’s marital status, before highlighting how certain dividing lines based on age, social origins or ranks are maintained between enrolling men. Finally, a new male sociability is being built and standardises over the period, since the army allows soldiers to form friendships, share slices of life and entertainment, but also increases emulation between male individuals. This work relies on three main bodies of work: private writings written by combatants retelling their journey, how they blended in a specific social and professional group, but also the officers’ treatises and memoirs which allow us to analyse both their opinion on their men and how they perceive the military institution. Finally, the military justice archives make it possible to perceive the potential tensions, the power balance and the relationship to authority, but also the solidarity between men and particularly the simple soldiers whose word it is harder to find traces.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, sous la Monarchie, l’armée française n’est pas encore un lieu de confirmation de la masculinité pour tous les jeunes Français. En effet, malgré la mise en place de la milice sous Louis XIV, ceux qui sont concernés par l’expérience militaire demeurent une minorité. L’armée est avant tout le lieu de la confirmation de l’honneur des nobles qui occupent les grades d’officiers, alors que le simple soldat souffre d’une réputation plutôt défavorable, qui s’améliore cependant dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Si, à la fin de l’Ancien Régime, se dessine les contours d’une masculinité professionnelle commune, seule la Révolution française amène à l’égalité dans les armées entre les citoyens mâles, notamment pour l’accès aux grades. Les premières levées en masse, dès 1793, étendent l’expérience militaire à un plus grand nombre d’hommes en fonction de leur âge, jusqu’à la loi Jourdan-Delbrel de 1798 qui instaure la conscription. Cette thèse analyse la manière dont l’institution militaire a participé à l’élaboration d’un modèle de masculinité militaire, associé à la figure du citoyen mâle. Il se forge en opposition au féminin, au moment où les femmes sont d’ailleurs exclues de l’armée, comme des droits politiques pendant la Révolution. Nous étudierons cette question dans une première partie, en interrogeant notamment le statut marital du soldat, avant d’observer le maintien de certaines lignes de fractures reposant sur l’âge, les origines sociales et les grades, entre les hommes qui s’engagent. Enfin, une sociabilité masculine nouvelle se structure et s’unifie sur l’ensemble de la période, l’armée permettant de forger des liens d’amitié, de partager des moments de vie et de loisir, mais aussi d’accentuer l’émulation entre individus masculins. Cette recherche s’appuie sur trois corpus principaux, les écrits du for privé, rédigés par les combattants qui retracent leur parcours, leur intégration au sein d’un groupe social et professionnel spécifique, mais aussi les traités et mémoires techniques rédigés par les officiers et qui nous permettent d’analyser le regard qu’ils portent sur leurs hommes, ainsi que leur conception de l’institution militaire. Enfin les archives de la justice militaire permettent d’approcher les possibles tensions, rapports de force, d’autorité, mais aussi les solidarités entre les hommes et notamment l’expérience des simples soldats, dont il est plus difficile de retrouver des traces.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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