La colonisation en cours de la France métropolitaine par le moustique tigre, Aedes albopictus, en fait dorénavant un problème sanitaire au niveau national. L’identification des facteurs favorisant sa prolifération est ainsi devenue un enjeu majeur pour prévenir le risque d’émergence de maladies vectorielles. Ce moustique affectionne les milieux urbains où de nombreux gîtes larvaires artificiels permettent son développement. En ville, ces habitats aquatiques sont directement exposés à des pollutions liées aux activités humaines. Pourtant, l’impact de cette exposition sur la composition physicochimique et microbienne de l’eau et la colonisation des gîtes reste peu étudié. De plus, une meilleure compréhension des pratiques et des connaissances de la population s’avère également nécessaire pour améliorer la gestion de cette espèce. Dans ce contexte, l'objectif de ces travaux était d'élaborer une approche interdisciplinaire, faisant intervenir à la fois les sciences humaines et les sciences naturelles, afin d’identifier les facteurs favorisant la propagation du moustique tigre dans les jardins collectifs, des initiatives qui connaissent une popularité croissante en milieu urbain et où le moustique prolifère. Pour cela, nous avons réalisé une enquête sur les connaissances, attitudes et pratiques vis-à-vis du moustique tigre auprès des adhérents à ces jardins dans la métropole de Lyon. Les résultats de cette étude ont indiqué que le moustique tigre était principalement considéré comme une nuisance en raison des désagréments provoqués par ses piqûres, plutôt que comme un vecteur de maladies. De plus, ils ont permis d’identifier que les attitudes, plus que les connaissances, influence la bonne gestion de cette espèce vectrice. Nous avons ensuite sélectionné un échantillon de ces jardins, associés à différents contextes de pollution. L’analyse de la composition physicochimique et microbiologique de l'eau de gîtes larvaires a montré de plus fortes concentrations en protoxyde d’azote et en méthane dans les eaux non colonisées. De plus, ces résultats ont révélé un impact différentiel des gradients de pollution sur la diversité microbienne de l’eau selon le statut de colonisation. Dans un contexte marqué par un désir croissant des citadins de renouer avec la nature, ces résultats soulignent l’importance de poursuivre les efforts de recherche pour mieux caractériser l’incidence des facteurs humains (attitudes, représentations mais également pollutions anthropiques) sur l’expansion du moustique en milieu urbain. Ces connaissances pourraient permettre, à terme, d’offrir de nouvelles pistes de recommandations pour diversifier les outils de lutte antivectorielle et adapter les campagnes de sensibilisation.