Porous identities in contemporary performance and theatre : extreme matters and bodies
Identité poreuses dans la performance et le théâtre contemporains - matières et corps extrêmes
Résumé
At the beginning of the 21st century, the presence of matter on stage intensifies and hinders the bodies, disturbs them or pushes them to extremes. It is the capacity of the human body to both express and contain identity that is at stake and that partly reconfigures the theatrical experience. How does the body-matter confrontation create an over-affirmation or a dissolution of identities on stage? From food to bleach, through elementary materials (water, fire, ice, clay, wax...), the artists create a phenomenological microcosm that affects both their being in movement (trial, resistance, vulnerability) and their perceived being (soiled, degraded, attacked, weakened bodies...). The environments, the situations or the acts staged are radical in particular because of their ultra-sensorial nature. They often provoke empathy or physical discomfort in the audience rather than the search for meaning, logic and narrative. Identities are sometimes over-affirmed in a kind of overflow of the Ego, sometimes they fade away, are endangered, or melt into their environment. All relationships are intensified: those of the artist to his or her own body and to his or her material environment, and those of the spectators to the bodies of the performers. The consumption of the performance is modified, accentuating the phenomena of sensory projection or disgust, rejection, even incredulity. The encounter between bodies and matter leads to identities porous to their environment, in permanent reconfiguration, torn between two extremes that sometimes come together, over-definition of the self and dissolution.
Au début du XXIème siècle la présence de matières sur scène s’intensifie et entrave les corps, les perturbe ou les pousse à des extrêmes. C’est la capacité du corps humain à la fois à exprimer et à contenir l’identité qui est en jeu et qui remodèle en partie l’expérience théâtrale. Comment la confrontation corps-matière permet-elle de sur-affirmer ou de dissoudre les identités sur scène ? De la nourriture à la javel, en passant par les matières élémentaires (eau, feu, glace, glaise, cire…), les artistes créent un microcosme phénoménologique qui affecte aussi bien leur être en mouvement (épreuve, résistance, vulnérabilité) que leur être perçu (corps souillés, dégradés, attaqués, affaiblis…). Les environnements, les situations ou les actes mis en scène sont radicaux notamment par leur caractère ultra-sensoriel. Ils provoquent souvent l’empathie ou le malaise physique du public plutôt que la recherche du sens, de la logique, de la narration. Les identités sont tantôt sur-affirmées dans une sorte de débordement du Moi, tantôt elles s’évanouissent, sont mises en danger, ou se fondent dans leur environnement. Toutes les relations sont intensifiées : celles de l’artiste à son propre corps et à son environnement matériel, et celle des spectateurtrices aux corps des performeureuses. La consommation du spectacle s’en retrouve modifiée, accentuant les phénomènes de projection sensorielle ou d’écœurement, de rejet, voire d’incrédulité. La rencontre entre corps et matières aboutit alors à des identités poreuses à leur environnement, en reconfiguration permanente, tiraillées entre deux extrêmes qui parfois se rejoignent, la sur-définition de soi et la dissolution.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
|---|