Introduction : Depuis plusieurs années, de nombreuses études portant sur la dysrégulation du système immunitaire chez les patients atteints de troubles psychiatriques ont été réalisées, aboutissant à des modèles physiopathologiques comme le modèle vulnérabilité-stress-inflammation. Cependant, de nombreux facteurs semblent moduler ce système, ce qui pourrait expliquer une hétérogénéité des résultats obtenus. L’objectif de cette thèse est donc d’évaluer l’impact de la clinique ainsi que du sevrage en cannabis sur les marqueurs immunitaires utilisés en pratique clinique courante chez des patients atteints de troubles psychiatriques. Méthodes : Afin d’évaluer l’impact de la clinique sur les marqueurs immunitaires, nous avons réalisé une méta- analyse évaluant les niveaux de C-reactive protein (CRP) chez les patients atteints de schizophrénie à différents stades de la maladie (aiguë vs stable) par rapport à des témoins sains. Afin de compléter cette évaluation, nous avons également réalisé une cohorte rétrospective étudiant les marqueurs immunitaires utilisés en pratique courante dans une population spécifique de patients ayant nécessité un isolement thérapeutique durant leur hospitalisation. Afin d’évaluer l’impact du sevrage en cannabis sur les marqueurs immunitaires, nous avons réalisé deux cohortes rétrospectives, la première chez des patients atteints de schizophrénie, et la deuxième incluant des patients atteints de psychose plus généralement, puis nous avons terminé en réalisant une étude évaluant l’impact d’une infection à Toxoplasma Gondii (T. gondii) sur ces mêmes paramètres lors du sevrage en cannabis. Résultats principaux: Dans notre première partie de thèse, nous montrons des niveaux de CRP plus importants durant les décompensations aiguës que durant les périodes de stabilité, à la fois dans notre méta-analyse mais aussi dans notre étude rétrospective, avec un impact de l’agressivité/agitation psychomotrice sur les niveaux des ratios neutrophile/lymphocyte (NLR) et monocyte/lymphocyte (MLR) chez des patients ayant nécessité un isolement thérapeutique. Dans les deux cas, les niveaux de ces marqueurs immunitaires reviennent à la normale après l’épisode d’exacerbation symptomatique. La deuxième partie de cette thèse met en évidence qu’un sevrage en cannabis est associé à ,des niveaux des paramètres immunitaires plus élevés que cela soit de la CRP mais également des niveaux de leucocytes, d’éosinophiles, de lymphocytes, de monocytes ou encore des ratios éosinophiles sur lymphocytes ; ou éosinophiles neutrophiles sur lymphocytes. Pour finir, nous avons mis en évidence une possible modulation de cette augmentation des paramètres immunitaires par la séropositivité au T. gondii. Conclusion : Cette thèse permet de faire un état des lieux des facteurs pouvant moduler les paramètres immunitaires chez les patients atteints de troubles psychiatriques. En effet, nous mettons en évidence que l’état clinique a un impact sur ces marqueurs, principalement ceux de l’immunité innée, avec notamment des différences entre les états aigus de décompensation et les patients stables. De plus, nous mettons en évidence un potentiel impact de la consommation de cannabis et de son sevrage sur ces marqueurs avec des modulations de l’imminuté principalement innée à l’arrêt des consommations. Pour finir, nous avons trouvé que la cinétique des marqueurs de l’immunité innée telle que l’augmentation des niveaux d’éosinophiles lors de l’arrêt de la consommation de cannabis est également modulée par le statut T. gondii. L’ensemble de ces résultats doit être complété par d’autres études prospectives permettant d’investiguer les mécanismes par lesquels ces modulations ont lieu comme la modulation des perméabilités intestinale et hémato-encéphalique.