Portrait of the artist as an idiot : idiocy in the works of Jerome Charyn
Portrait de l'artiste en idiot : l'idiotie dans l'œuvre de Jerome Charyn
Résumé
The figure of the idiot provides a key to Charyn’s imaginary landscape. The recurrence of the motif does not mean, however, that it is immediately intelligible. Charyn’s idiocy is, indeed, multifaceted and originates in an essentially personal vision. Despite undeniable intertextual references – Charyn names Faulkner’s Benjy as a main source of inspiration – marked deviations testify to his independence from other literary models or from the archetypal representations of idiocy. The first part is a typology of idiocy understood as a problematic interaction with the world and in particular with language. Seen at first through the lens of the normal/abnormal dichotomy, the character of the idiot is perceived as monstrous and marginalized on the threefold level of space, speech and story. In some cases the idiot’s radical otherness becomes transgressive, turning him into the center, the subject rather than the object of a then entirely subjective universe. The second part shows the self-reflexive dimension of the idiotic character, through the description of the illiterate Bronx of the forties where he grew up surrounded by traumatized immigrants. This pervasive idiocy contrasts with Charyn’s own singular version of it – he is paradoxically the family idiot because he is the first one to get a degree and to evolve from dumbness towards articulateness. The third part deals with the regeneration of the figure of the idiot through the power of literature, specifically through autofictional writing, both self-reflexive and mythologized. Charyn becomes his own character, an idiot named Jerome, and reinvents his childhood idiots (his father Sam, mother Fannie, brother Harvey). The writer’s wordless music, or idiolect, is eventually externalized, giving birth to an original, idiosyncratic literary voice.
La figure de l’idiot sert de clé pour pénétrer l’imaginaire personnel de Charyn. Ce motif récurrent n’en est pas pour autant immédiatement intelligible, l’écrivain mettant en scène une idiotie aux multiples visages, fruit d’une vision éminemment personnelle. En dépit d’un intertexte très présent (emprunt au personnage séminal du Benjy de Faulkner), l’œuvre se distingue par une prise d’autonomie par rapport à un modèle littéraire donné ou à la représentation d’un idiot-type. La première partie fait une typologie de l’idiotie entendue comme rapport problématique au monde et en particulier au langage (« dumbness »). Observé au prisme de l’opposition normalité/anormalité, le personnage de l’idiot est d’abord perçu comme monstrueux et il est marginalisé sur plusieurs plans (spatial, discursif, narratif), même si le récit problématise parfois cette mise à l’écart. Lorsque l’altérité radicale de l’idiot est transgressive, il est le nouveau centre d’un univers dont il est sujet et non plus objet. La seconde partie examine la dimension autoréférentielle du personnage de l’idiot, que Charyn replace dans le contexte spécifique de son enfance dans le Bronx des années quarante, où il a grandi entouré d’immigrants illettrés et traumatisés. À cette idiotie environnante s’oppose l’idiotie singulière de Jerome, devenu paradoxalement l’idiot de la famille car il est le seul à poursuivre une éducation et à acquérir un langage. Enfin, la troisième partie examine la régénération de l’idiot par la toute-puissance de la littérature, plus précisément d’une écriture autofictionnelle, à la fois autoréférentielle et mythologisée. Charyn devient son propre personnage, un idiot nommé Jerome, et réinvente également les « idiots » qui ont peuplé son enfance (le père Sam, la mère Fannie, le frère Harvey). La musique averbale de l’écrivain, son idiolecte, finit par s’extérioriser en un langage intelligible, une voix littéraire originale et idiosyncrasique.
Domaines
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