Photographie & extériorité : une épreuve de l'autre - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

Photography & exteriority: une épreuve de l’autre

Photographie & extériorité : une épreuve de l'autre

Résumé

This mixed research-creation thesis questions the relationship of photography and exteriority as a trial of the other, from my own artistical practice and the work of contempo-rary artists. This subject invites us to deal with a complex relationship insofar as photogra-phy is in the wake of exteriority and is embarked in the pursuit of the impossible.  Therefore, the questioning of the photography/externality couple is based on a trial. It does not go in search of a given, but focuses on experimentation, attempt, and testing. This is also the guiding problem of this thesis, the possibility of an exteriority at work in photography, that is, the possibility of a movement of the same towards the other. This reflection makes it possible to consider the gap between photography and its object not only as a necessary condition for the object’s phenomenality, but as a possibility of the emergence of the other. Since the exteriority is aporetic, in its consubstantiality to the photographic me-dium, any attempt to define it is illusory. However, to respond methodologically to this pro-blem, this work implements an aesthetic based on a generalized poietic. The photographic works interviewed as well as my personal practice focus on the prism of the work being done and the relationship that the artist maintains with his creation during its development, rather than focusing on the result. Moreover, the problem of exteriority has led research and creation to work from the philosophical concepts of articulatory, dialogue and gap, which in my artistic practice are translated into a collaborative and redoing design.
Cette thèse mixte de recherche-création interroge le rapport de la photographie à l’extériorité comme une épreuve de l’autre, à partir de ma pratique artistique et de travaux d’artistes contemporains (comme par exemple Antoine d’Agata, J. H. Engström, Marc Pataut et Philippe Bazin). Le sujet invite à traiter un rapport complexe dans la mesure où la photographie se tient dans le sillage de l’extériorité et qu’elle est embarquée dans la poursuite de l’impossible. Mes travaux se confrontent à cette difficulté, car l’extériorité se niche dans la part manquante de l’objet désiré ; dans le retrait qui excède la visée photo-graphique ; et dans la profondeur ou l’épaisseur qui échappe à la surface. La photographie se heurte à une absence qui dans son surplus confronte le médium à un nécessaire mouve-ment de hors de. C’est la raison pour laquelle l’interrogation du couple photographie/extériorité se fonde sur une épreuve. Elle ne part pas à la recherche d’un donné, mais se focalise sur l’expérimentation, la tentative et les essais. C’est également ce qui fonde le problème directeur de cette thèse, la possibilité d’une extériorité à l’œuvre dans la photographie, c’est-à-dire l’éventualité d’un mouvement du même vers l’autre – une sortie de l’être vers un autre dont la signification est celle d’une altérité absolue. Dans le rapport que la photographie entretient avec l’étrangeté du dehors, cette réflexion met en jeu l’affranchissement du médium photographique à l’égard du risque de réduction du différent au même. C’est aussi la possibilité de libérer la photographie de toute tentative de totalité dont la conséquence serait un enferme-ment du médium sur lui-même. Au contraire, l’extériorité ouvre la photographie à l’infini dont l’acception levinassienne induit l’idée de sortie hors d’elle même. De ce fait, l’extériorité  permet au médium de dépasser la seule dimension ontologique de son objet et de l’illusion de dévoilement qui lui est corrélative. Enfin, cette réflexion permet d’envisager l’écart qui sépare la photographie de son objet non plus seulement comme une condition nécessaire à la phénoménalité de ce dernier, mais comme une  possibilité du surgissement de l’autre. Certes,  dans  sa  consubstantialité  au  médium  photographique,  l’extériorité  est  aporétique, car toute tentative de définition à son égard est illusoire. Cependant, afin de répondre  méthodologiquement  à  cette  problématique,  notre  recherche-création  met  en  œuvre une esthétique fondée sur une poïétique généralisée. Les travaux photographiques interrogés ainsi que ma pratique personnelle privilégient le prisme de l’œuvre en train de se faire et du rapport que l’artiste entretient avec sa création au cours de son élaboration, plutôt que de s’attacher au résultat. De plus, la problématique de l’extériorité a orienté la recherche-création à travailler à partir des concepts philosophiques de l’articulatoire, du dialogue et de l’écart, ce qui, dans ma pratique artistique se traduit par une conception en collaboration et en refaire. La  réflexion  amène  alors  à  penser  que  l’extériorité  spatiale  n’est  pas  seulement  celle qu’il est possible de franchir grâce à la lumière ; elle n’est pas non plus un moyen au service du désir photographique afin d’atteindre son objet. Au contraire, l’extériorité spatiale pourrait devenir la condition nécessaire à une possible sortie de la photographie hors d’elle-même ; un entre exposant le désir à un inachèvement infini. En outre, il est probable que dans la perspective de cette extériorité spatiale, la proximité à autrui ouvre le faire photographique à une extériorité éthique révélant l’altérité dans sa dimension plurielle. Mais la réflexion semble véritablement approcher l’extériorité dans sa dimension temporelle. Dans cette perspective, l’extériorité engage l’instant photographique dans un temps ouvert à l’épaisseur, à la variation d’intensité et à l’inattendu. En ce qu’elle met en rapport la photographie à un temps inmaîtrisable, la mort permet d’ailleurs de faire de cet instant photographique un temps ouvert à l’imprévisible – à l’espérance. Pour ma pratique artistique, l’acceptation du mystère en rapport avec l’idée d’extériorité temporelle conduit à une esthétique de l’affleurement qui met en œuvre à la fois un infini et une fragilité. Face à autrui, en impliquant de n’en avoir jamais fini avec lui, l’extériorité appelle à une humilité et à un refaire joué indéfiniment. Dans sa dimension transcendante, l’extériorité engage la photographie à un dépassement de l’objet extérieur vers un autre, mouvement qui ouvre le médium non plus seulement à une apparition de son objet, mais à une véritable révélation.
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Citer

Gilles Picarel. Photographie & extériorité : une épreuve de l'autre. Art et histoire de l'art. UNIVERSITÉ PARIS 8 - VINCENNES-SAINT-DENIS, 2021. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-04020707⟩
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