' The shepherds'voice in french medieval pastoral literature '
' La voix des bergers et bergères dans la pastorale médiévale française '
Résumé
From the Jeu de Robin et Marion, written in the 13th century to the Pastoralet, written in the 15th century it is clear that pastoral literature does exist in the Middle Ages. This corpus has been however but scarcely studied because unheeded and disparate. Our project aims to explore through the prism of the voice, a real common thread that will guide us between genres and periods, this part of literature, essential to our understanding of the pastoral literature. Combining attention to the details of the text and to the historical context of the production, this investigation explores the embodiments of the voice at different scales, by calling on methodologies inspired by research in literature, history and philosophy.While ancient pastoral literature and that which developed from the Renaissance onwards were the subject of numerous studies, medieval pastoral literature remains still a non-place in our literary history maybe because of its heterogeneity. It is notable that the two main works on the question, that of Joël Blanchard, La pastorale en France aux XIVe et XVe siècles, and more recently, that of Geri L. Smith, The Medieval French Pastourelle Tradition, reflect the difficulties encountered in the search for a unity specific to the medieval pastoral genre. This study complicates our use of the notion of genre, and highlights the processes at work in the constitution of a literary tradition. Our thesis deals with a corpus of an unprecedented chronological scope which takes us from the end of the 12th century to the middle of the 15th century and is made up of texts of various genres: theater, poetry, narration, scientific treatise.Within these texts, voice occupies a central place and allows a transversal approach to the pastoral corpus. The issues of the corpus are mainly based on the resolution of a verbal exchange between protagonists underlining power and oppositions at stakes in the literary work. This voice takes shape in words, songs or even cries. Throughout the texts, remarkable stylistic features emerge. If the invocation of the notion of a « humble » style, founded by Donat from the model of Virgil's Bucolics, could highlight a continuity of inspiration of the themes of pastoral from Antiquity to the Middle Ages but has to be put under scrutiny.By shifting our attention to the realization of the text within the performance, it is possible to study the incarnation of this voice within a sound universe. In front of the public, the voice becomes a medium for feelings but also for political expressions. The shepherd voices have the possibility of acting on reality, by means of representations of power but also of links between the different communities. The study of pastoral literature thus follows on from recent research which invites us to adopt an anthropological perspective and to see fiction as an essential product of human societies. The shepherd thanks to his specific position in the medieval hierachie can be a ideal mediator to give voice to political concern. In some cases, the pastoral character is a shepherdess and to the distinction of social categorie is added the one of gender. Within the combination of different pastoral voices, exchanges between the various part of society are at stake. Moreover, if the pastoral characters share certain characteristics of the savage man or the vilain, a repulsive character, shepherds and shepherdesses offer an alternative and more positive face of this marginal posture, between the wild world and the courteous world. Specific knowledge is also highlighted: deciphering the signs of Nature, shepherds and shepherdesses offer the model of an active presence in nature.Through the voice of the pastoral character is given an access to a better understanding of the cosmos: the relations within the human society but also between man and nature. The voice of the shepherds and shepherdesses is therefore an interface for telling the world.
Du Jeu de Robin et Marion d'Adam de la Halle, écrit au XIIIe siècle au Pastoralet composé au XVe siècle, il apparaît que la littérature pastorale existe bien au Moyen Âge. Ce corpus n'a cependant été que peu étudié car méconnu et disparate. Notre projet vise à explorer à travers le prisme de la voix, véritable fil conducteur qui nous guidera entre genres et époques, ce corpus, essentiel à notre compréhension de la littérature pastorale. Conjuguant attention aux détails du texte et au contexte historique de création, cette enquête explore les incarnations de la voix à différentes échelles, en faisant appel à des méthodologies inspirées de la recherche en littérature, en histoire et en philosophie.Située chronologiquement entre la pastorale antique et celle de la Renaissance, la littérature pastorale médiévale reste encore un non-lieu dans notre histoire littéraire, peut-être en raison de son hétérogénéité. Les deux principaux ouvrages sur la question, celui de Joël Blanchard, La pastorale en France aux XIVe et XVe siècles, et plus récemment, celui de Geri L. Smith, The Medieval French Pastourelle Tradition, reflètent les difficultés rencontrées dans la recherche d'une compréhension globale du genre pastoral médiéval. Cette étude complexifie l’utilisation de la notion de genre, et met en lumière les processus à l'œuvre dans la constitution d'une tradition littéraire cohérente. Notre thèse porte sur un corpus d'une ampleur chronologique inédite qui nous mène de la fin du XIIe siècle à la fin du XVe siècle et est constitué de textes de genres variés : théâtre, poésie, narration, traité scientifique. Au sein de ces textes, la voix occupe une place centrale et permet une approche transversale du corpus pastoral. Les enjeux du corpus reposent principalement sur la résolution d'un échange verbal entre protagonistes soulignant les enjeux de pouvoir et d'opposition à l'œuvre. La voix prend forme dans des mots, des chansons ou encore des cris. Au fil des textes, des traits stylistiques remarquables se dégagent, sans que leur association avec le style « humble » théorisé par Donat en lien avec les Bucoliques de Virgile puisse aller de soi.En reportant notre attention sur la réalisation du texte au sein de la performance, il est possible d'étudier l'incarnation de cette voix au sein d’un univers sonore. Face au public, la voix devient un support de sentiments mais aussi d'expressions politiques. Les voix des bergers ont la possibilité d'agir sur le réel, par le biais de représentations du pouvoir mais aussi de liens entre les différentes communautés. L'étude de la littérature pastorale fait ainsi suite à des recherches récentes qui invitent à adopter une perspective anthropologique et à voir dans la fiction un produit essentiel des sociétés humaines. Le berger grâce à sa position spécifique dans la hiérarchie médiévale peut être un médiateur idéal pour faire entendre une préoccupation politique. Dans certains cas, le personnage pastoral est une bergère et à la distinction sociale s'ajoute celle du genre. À la croisée des voix pastorales se jouent donc un ensemble d’interactions entre différentes parties de la société. Par ailleurs, si les personnages pastoraux partagent certaines caractéristiques de l'homme sauvage ou du vilain, un caractère repoussant, bergers et bergères offrent un visage alternatif et plus positif de cette posture marginale, entre le monde sauvage et le monde courtois. Des savoirs spécifiques sont mis en avant : décryptant les signes de la Nature, bergers et bergères offrent le modèle d'une présence active dans la nature.La voix du personnage pastoral donne donc accès à une meilleure compréhension du cosmos : elle éclaire les relations au sein de la société humaine mais aussi entre l'homme et la nature. La voix des bergers et bergères est une interface permettant de dire le monde.
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