Faire le vide : performativité de la métalepse et expression du trauma dans six romans britanniques contemporains : Toby's Room de Pat Barker, Skin Lane de Neil Bartlett, Even the Dogs de Jon McGregor, Anatomy of a Soldier de Harry Parker, The Accidental d'Ali Smith et The Night Watch de Sarah Waters - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2022

Writing Emptiness : Performative Metalepsis and the Expression of Trauma in Six Contemporary British Novels (Toby's Room by Pat Barker, Skin Lane by Neil Bartlett, Even the Dogs by Jon McGregor, Anatomy of a Soldier by Harry Parker, The Accidental by : Toby's Room by Pat Barker, Skin Lane by Neil Bartlett, Even the Dogs by Jon McGregor, Anatomy of a Soldier by Harry Parker, The Accidental by Ali Smith and The Night Watch by Sarah Waters

Faire le vide : performativité de la métalepse et expression du trauma dans six romans britanniques contemporains : Toby's Room de Pat Barker, Skin Lane de Neil Bartlett, Even the Dogs de Jon McGregor, Anatomy of a Soldier de Harry Parker, The Accidental d'Ali Smith et The Night Watch de Sarah Waters

Katia Marcellin
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1279818
  • IdRef : 271704918

Résumé

By addressing the subject of trauma, literature aims to understand the repercussions of an event that is by definition ungraspable. In order to identify what is at stake in this representation of the unrepresentable, we will consider the figure of metalepsis, which can be defined as a "kind of metonymy" involving temporal relationships and retaining only one of the terms of a causal sequence in order to express the other implicitly. Our work intends to show how this figure is linked to the expression of trauma and to the staging of different forms of vulnerability, metalepsis allowing us to capture its multiple manifestations: trauma causes vulnerability firstly because it is not grasped, thus leading to the subject being dispossessed of him/herself; secondly, the occurrence of trauma reveals or increases pre-existing forms of vulnerability; thirdly, the metaleptic expression of trauma places vulnerability at the very heart of the reading experience. Throughout this work, metalepsis will appear to us as a performative figure, this performativity being expressed on several levels. First, it constructs a performativity of trauma, materialising in the text the workings of the traumatised psyche. As such, it makes trauma tangible on the level of the reading experience by acting out its effects: by reproducing its mechanisms, metalepsis brings about new images, new perceptions, thus producing a traumatic reality. Second, it introduces a political form of performativity which, combined with metonymy, produces the effects of erasure that affect precarious lives: the fragility of their hold on the world is materialised by the constant threat of disappearance or censorship that these literary devices place on the characters. By producing gaps and disruptions between the terms of a logical relationship, these figures open up interstitial spaces through which perceptual hierarchies are reconfigured: the marginal points of view presented then become generators of the invisible reality of those who are invisible. As a result, an ethical performativity of metalepsis emerges, asserting the act of reading as a resolutely open-ended experience. By tracing lines of flight and by endowing readers with the responsibility to establish links between them without giving in to the temptation to extract a single, univocal meaning, metalepsis situates otherness at the heart of the representational enterprise. Thus, the erasures, ruptures and links that it constructs elaborate a relational practice of writing and reading.
En se penchant sur le sujet du trauma, la littérature se donne pour but d'appréhender les répercussions d'un événement par définition insaisissable. Afin de saisir les enjeux qui se rapportent à cette représentation de l'irreprésentable, nous nous pencherons sur la figure de la métalepse, qui se définit comme une « espèce de métonymie » mettant en jeu des rapports temporels et ne conservant que l'un des termes d'une suite causale pour faire comprendre implicitement l'autre. Notre travail entend montrer comment cette figure s'articule à l'expression du trauma et à la mise en scène de différentes formes de vulnérabilité, la métalepse permettant d'en saisir les multiples déclinaisons : le trauma est vulnérabilisant d'abord parce qu'il n'est pas saisi, dépossédant ainsi le sujet de lui-même ; ensuite, la survenue du trauma révèle ou augmente des formes de vulnérabilité préexistantes ; enfin, l'expression métaleptique du trauma ancre la vulnérabilité au cœur même de l'expérience de lecture. Au fil de ce travail, la métalepse nous apparaîtra comme une figure performative, cette performativité se déclinant à plusieurs niveaux. Elle construit, en premier lieu, une performativité du trauma, matérialisant dans le texte le fonctionnement de la psyché traumatisée. Elle fait ainsi surgir le trauma au niveau de l'expérience de lecture en actant ses effets : en reproduisant ses mécanismes, la métalepse fait advenir de nouvelles images, de nouvelles perceptions, construisant une réalité traumatique. En second lieu, elle met en place une performativité à vocation politique, s'articulant ici avec la métonymie pour produire les effets d'effacement dont sont victimes les vies précaires : la fragilité de leur prise sur le monde est rendue tangible par la menace constante de disparition ou de censure que ces figures font peser sur les personnages. En produisant des écarts et des ruptures entre les termes d'une relation logique, ces figures ouvrent des espaces interstitiels par lesquels les hiérarchies perceptuelles sont reconfigurées : les points de vue marginaux présentés deviennent alors générateurs d'une réalité invisible et des invisibles. Par conséquent, une performativité éthique de la métalepse se dessine, engageant l'entreprise de lecture dans le maintien de sa forme résolument ouverte. En traçant des lignes de fuite et en appelant les lecteurs·trices à participer à leur mise en relation sans céder à la tentation d'en extraire un sens unique et univoque, la métalepse ancre l'altérité au cœur de l'entreprise représentationnelle. Ainsi, les effacements, ruptures et liens qu'elle construit élaborent une écriture — et une lecture — relationnelles.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-04194018 , version 1 (01-09-2023)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04194018 , version 1

Citer

Katia Marcellin. Faire le vide : performativité de la métalepse et expression du trauma dans six romans britanniques contemporains : Toby's Room de Pat Barker, Skin Lane de Neil Bartlett, Even the Dogs de Jon McGregor, Anatomy of a Soldier de Harry Parker, The Accidental d'Ali Smith et The Night Watch de Sarah Waters. Littératures. Université Paul Valéry - Montpellier III, 2022. Français. ⟨NNT : 2022MON30070⟩. ⟨tel-04194018⟩
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