Urbanisme et réflexivité : un diagnostic critique du champ du projet en urbanisme, de la recherche aux pratiques professionnelles - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2023

Urbanism and reflexivity : a critical diagnosis of the urban design field in France, from research to professional practices

Urbanisme et réflexivité : un diagnostic critique du champ du projet en urbanisme, de la recherche aux pratiques professionnelles

Anthony Ximenez

Résumé

In this research project, I develop a "diagnosis of the present" (Foucault) about the field of urban design in France. Starting from the observation that current professional project practices in urban design remain difficult to understand and blurry - in spite of having been analysed by researchers for several decades -, I consider the hypothesis that this may be a result of the way researchers regard them, rather than an enigmatic dimension of professional project practices themselves. Relying on Foucault's "archeology of knowledge", I then conduct an analysis of a corpus of recent research in urban design. It shows that researchers overwhelmingly take professional practices as on object of sociological enquiry, adopting a reflexive stance towards them. Using the concept of "reflexive modernity (Giddens, Beck), I then wonder whether urban design project practices in France might be a typical case of reflexive modernity. Soon, I notice a contradiction : "reflexivity" has been much conceptualised in urban design research since the end of the 1990s but it seems that the most critical aspects of "reflexive modernity" theories have been avoided. Instead, reflexivity in every shape and form is legitimised and encouraged. Practitioners should be reflexive, researchers can bring them more reflexivity, new forms of reflexive cooperation thrive... How can such a reversal of the concept of "reflexive modernity" be explained ? In the last part of this research, I dig out the "genealogical" origins (Foucault) of the notion of "reflexivity" in urban design in France. The appearance of this concept in research in the late 1990s seems to serve mostly as a justification and catalyst of reflexive practices that had been existing for years. It is possible to trace them back to the late 1950s, when the French State developed a "concern for itself" (Bezès). In those days, a discursive nexus springs up, that connects urban planning practices, the need for institutional reflexivity and a new conceptualisation of "change". Nowadays, this nexus still exists, though it evolved after several decades of economic and social transformations as well as the development of "project" practices in urban planning and design, and the restructuring of the French State's governing practices towards what some have named "distance gouvernment"(Epstein). Reflexivity has become almost compulsory for professionals, penetrating to the heart of their everyday work and prompting permanent changes, to the point that those practices have become ungraspable. Do these changes have any other objective than change itself ?
Cette recherche doctorale propose un "diagnostic du présent" (Foucault) du champ du projet en urbanisme. Elle part du constat qu'un flou tenace entoure les pratiques de projet, et ce malgré plusieurs décennies de recherches les ayant prises pour objet. Et si ce flou était moins une dimension énigmatique des pratiques elles-mêmes que l'effet du regard que la recherche porte sur elles ? Une analyse d'inspiration "archéologique" (Foucault) d'un corpus de recherches urbanistiques récentes sur le projet révèle que ces dernières occupent, pour l'écrasante majorité d'entre elles, un positionnement réflexif par rapport aux pratiques observées. La mobilisation du cadre théorique de la "modernité réflexive" (Giddens, Beck) conduit alors à se demander si l'urbanisme de projet ne serait pas un cas exemplaire de modernité réflexive. Une contradiction apparaît bientôt : la "réflexivité" a été largement thématisée en urbanisme depuis la fin des années 90 mais cette thématisation a eu pour effet d'éloigner systématiquement les dimensions les plus critiques des théories de la "modernité réflexive", légitimant plutôt le recours tous azimuts à diverses formes de réflexivité. Comment comprendre un tel retournement stratégique du concept ? La dernière partie de la recherche engage une "généalogie" (Foucault) de la réflexivité. La thématisation de cette notion en urbanisme semble surtout servir de justification et de catalyseur à des pratiques existant de facto, dont l'émergence déjà ancienne est liée au développement du "souci de soi de l'Etat" (Bezès) à partir de la fin des années 1950. A cette époque, un lien structurant s'établit entre pratiques d'aménagement, réflexivité institutionnelle et problématisation du changement, formant un nexus fondamental du dispositif urbanistique contemporain. Ce nexus perdure aujourd'hui, quoique transformé après plusieurs décennies de bouleversements économiques et sociaux, la percée du "projet" et le développement d'une forme de "gouvernement à distance" (Epstein) . L'injonction à la réflexivité s'est disséminée jusqu'au coeur des pratiques quotidiennes de l'urbanisme, qui changent en permanence au risque de devenir insaisissables. Ce changement poursuit-il autre chose que lui-même ?
Fichier principal
Vignette du fichier
TH2023PA120001diff.pdf (13.78 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-04258286 , version 1 (25-10-2023)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04258286 , version 1

Citer

Anthony Ximenez. Urbanisme et réflexivité : un diagnostic critique du champ du projet en urbanisme, de la recherche aux pratiques professionnelles. Géographie. Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12, 2023. Français. ⟨NNT : 2023PA120001⟩. ⟨tel-04258286⟩
113 Consultations
69 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More