Dans le domaine de la construction en terre, les introductions dans la littérature commencent souvent par souligner des obstacles à l'utilisation de la terre dans la construction, obstacles qui seront ensuite abordés par leur question de recherche. Cependant, il est fréquent que ces obstacles ne soient pas scientifiquement justifiés (par exemple, en citant une référence). Cela révèle un manque de rigueur dans les introductions, mais peut également masquer un manque de situation, du point de vue de la théorie des savoirs situées. Si les obstacles mentionnés ne représentent pas une réalité scientifique, ils pourraient alors exprimer les valeurs des chercheurs sans les spécifier. En d'autres termes, ce serait des savoirs situés qui s’ignorent. Par conséquent, l'objectif de cette thèse est de réfléchir à l'utilité de la théorie des savoirs situées dans le domaine de la construction en terre, et plus largement en génie civil.Pour atteindre cet objectif, plusieurs questions de recherche ont été explorées, commençant par une question typique du génie civil : le développement d'une méthode de fabrication d'échantillons de pisé, basée sur une relation de similitude, permettant d'obtenir des résultats représentatifs du terrain. Ensuite, afin de réfléchir à la situation de ce premier savoir produit, la question de recherche "quels sont les obstacles et les leviers à l'utilisation de la terre dans la construction ?" a été étudiée. Une revue de la littérature a d'abord été réalisée, rassemblant tous les articles abordant cette question de recherche. Cette revue a souligné la diversité des obstacles cités, qui sont d'ordre technique, économique, organisationnel, politique et socio-culturel. L'analyse de la littérature a mis en évidence, dans ce contexte, l'utilité de la théorie des savoirs situés, en proposant un cadre conceptuel qui sera utile pour les futures recherches.Pour approfondir l'analyse, une étude de cas d'un immeuble de bureaux avec des façades porteuses en terre comprimée a été réalisée. Le cadre conceptuel a été adapté dans ce contexte, proposant ainsi une méthode de recherche qui pourrait être utilisée pour de futures études sur le sujet. Cette étude de cas a également permis de discuter des obstacles et des leviers identifiés dans la littérature, soulignant qu'ils ne s'appliquent pas toujours lors de leur analyse à l’échelle de la conception des bâtiments, et en tout cas, qu'ils ne sont pas insurmontables, sous certaines conditions, notamment la coopération entre différents acteurs.Enfin, l'étude de cas met en évidence la co-construction d'une méthode de conception basée sur des tests en laboratoire, au sein de laquelle s'inscrit la méthode de fabrication des échantillons développée. De plus, les rôles des différents acteurs, plaçant notamment les maçons au centre, au sein de cette méthode de conception, sont décrits. Cela permet de situer les connaissances correspondant à la méthode de fabrication des échantillons. Enfin, une autocritique de l'introduction de l'article publié correspondant est proposée. Ces différents éléments de discussion permettent de souligner l’intérêt que peu avoir la théorie des savoirs situés dans le domaine de la construction en terre crue.