Les enjeux de la rencontre clinique avec les auteurs de violence en centre de détention : modélisation d’un dispositif de soin - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2023

The issues of clinical encounter with perpetrators of violence in detention centers : modeling of a clinicial device

Les enjeux de la rencontre clinique avec les auteurs de violence en centre de détention : modélisation d’un dispositif de soin

Résumé

This research work aims to contribute to the constitution of knowledge on clinical practice in prisons.The violence of some patients, its repetition despite the restraint of the walls, can only challenge the clinical psychologist. This research explores the necessary adjustments to clinical devices in order to allow a clinical encounter and the implementation of therapeutic care.First of all, the quality of "going towards" has been central to our practice. We left the health service to meet our patients. Violent patients are often referred by third parties in a crisis context. It is in the exchange with these professionals that the facilitating conditions of the clinical encounter can be defined: the link is made around them before it can be made with them. In this practice, the clinical encounter is organized with a "contact phase", during which formal and informal meetings alternate with repeated absences and interruptions in follow-up. It also seemed essential to make room for the language of the body and the act. In a practice inspired by the "side by side", psychological interviews are maintained during disciplinary sanctions because they allow to come into contact with the distress related to the agonistic experiences of the patients, to offer oneself as a witness to their experience and thus, to seal the therapeutic alliance. These modalities will allow the taming of the link and the evolution of the clinician's place, from the powerless witness to the mirrored double. However, they imply a certain number of renunciations for the clinician.Follow-ups are undertaken without a request, or in a request made by another. The clinician adopts an active, sometimes active position, which can lead him to question his practice, his legitimacy, symptomatic of the shame experienced. We propose here that the transfer in the clinic of the acts is a transfer by reversal. In the childhood history of our patients, the repetition of the absence of a respondent has confronted them with radical loneliness. This form of psychic nudity is a source of shame. In a reversal/exhibition mechanism, patients exhibit extreme violence, which organizes the emptiness around them. This feeling of shame resonates with the question of the clinician's lived legitimacy and will open the door to the sharing of affect. We propose that the encounter with violent patients can only take place if the psychologist agrees to risk the encounter, if he accepts a form of sacrifice, that of an ideal of his practice.The dual bond is difficult, it awakens in patients the terror of the other and of the bond. The introduction of therapeutic mediation, based on a group dynamic, can facilitate engagement in a process of psychological care. The marvellous tale is a particularly interesting mediation in this clinic. In this work, we present a session of the "tale" group and the analysis of the clinical material demonstrates how mediation through the marvellous tale has made it possible to revive group associativity. This associative thread is characterized by incessant back-and-forth between elements of the narrative and elements of subjective experiences. It is thus on the basis of the narrative of the tale that the patients were able to risk addressing subjective experiences, thus weaving a first framework of narrativity.The system presented in this research has been tested in prisons; Other therapeutic mediations (percussion, dance, etc.) could be experimented. It would also be interesting to experiment with this device in the clinic of actions in an external environment.
Ce travail de recherche se propose de participer à la constitution de savoirs sur la pratique clinique en milieu carcéral.La violence de certains patients, sa répétition malgré la contention des murs, ne peut qu’interpeller le psychologue clinicien. Cette recherche explore les aménagements nécessaires des dispositifs cliniciens afin de permettre une rencontre clinique et la mise en place de prise en charge thérapeutique.En premier lieu, la qualité en « aller vers » a été centrale dans notre pratique. Nous sommes sorties du service de santé pour aller à la rencontre de nos patients. Les patients violents sont souvent orientés par des tiers dans un contexte de crise. C’est dans l’échange avec ces professionnels que pourront être définies les conditions facilitatrices de la rencontre clinique : le lien se fait autour d’eux avant de pouvoir se faire avec eux. Dans cette pratique, la rencontre clinique s’organise avec une « phase de contact », au cours de laquelle des rencontres formelles et informelles alternent avec des absences répétées et des interruptions de suivi. Il est également apparu primordial d’aménager une place au langage du corps et de l’acte. Dans une pratique inspirée du « côte à côte », les entretiens psychologiques sont maintenus lors des sanctions disciplinaires car ils permettent d’entrer en contact avec la détresse liée aux éprouvés agonistiques des patients, de se proposer comme témoin de leur expérience et ainsi, de sceller l’alliance thérapeutique.Ces modalités vont permettre l’apprivoisement du lien et l’évolution de la place du clinicien, du témoin impuissant au double en miroir. Elles impliquent cependant un certain nombre de renoncements pour le clinicien.Les suivis s’engagent sans demande, ou dans une demande portée par un autre. Le clinicien adopte une position active, parfois agissante, qui peut l’amener à se questionner sur sa pratique, sur sa légitimité, symptomatique de la honte éprouvée. Nous proposons ici que le transfert dans la clinique des agirs relève d’un transfert par retournement. Dans l’histoire infantile de nos patients, la répétition de l’absence de répondant les a confronté à la solitude radical. Cette forme de nudité psychique est source de honte. Dans un mécanisme de retournement / exhibition, les patients exhibent une violence extrême, qui organise le vide autour d’eux. Ce sentiment de honte entre en résonance avec la question de la légitimité vécue du clinicien et va ouvrir au partage d’affect. Nous proposons que la rencontre avec les patients violents ne peut se faire que si le psychologue accepte de se risquer à la rencontre, s’il accepte une forme de sacrifice, celui d’un idéal de sa pratique. Le lien duel est difficile, il réveille chez les patients la terreur de l’autre et du lien. L’introduction de médiation thérapeutique, en appui sur une dynamique groupale, peut faciliter l’engagement dans un processus de soin psychique. Le conte merveilleux constitue une médiation particulièrement intéressante dans cette clinique. Nous exposons dans ce travail une session du groupe « conte » et l’analyse du matériel clinique démontre comment la médiation par le conte merveilleux a permis de relancer l’associativité groupale. Ce fil associatif se caractérise par des allers – retours incessants entre des éléments du récit et des éléments de vécus subjectifs. C’est ainsi en appui sur le récit du conte que les patients ont pu se risquer à aborder des vécus subjectifs, tissant par là une première trame de narrativité.Le dispositif présenté dans cette recherche a été éprouvé en milieu carcéral ; d’autres médiations thérapeutiques (percussions, danse…) pourraient être expérimentés. Il serait également intéressant d’expérimenter ce dispositif dans la clinique des agirs dans un milieu extérieur.
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Format Autre

Dates et versions

tel-04592504 , version 1 (29-05-2024)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04592504 , version 1

Citer

Sandie Burdeau. Les enjeux de la rencontre clinique avec les auteurs de violence en centre de détention : modélisation d’un dispositif de soin. Psychologie. Université Lumière - Lyon II, 2023. Français. ⟨NNT : 2023LYO20102⟩. ⟨tel-04592504⟩
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